Le flim culte de Charlot sera projeté vendredi 17 février au cinéma Art et Plaisirs de Voreppe. On remonte le fil de l'histoire.
À en croire Marx, les grands faits de l'Histoire se produiraient d'abord comme tragédie, ensuite comme farce. Mort en 1883, le philosophe n'a donc pas vécu l'irrésistible ascension d'Adolph Hitler un demi-siècle plus tard dans son pays natal, qui devait conduire à la barbarie de la Seconde guerre mondiale. Ni pu découvrir le long métrage réalisé et interprété par Charlie Chaplin en 1940, Le Dictateur. Sous des allures de comédie caricaturant jusqu'au ridicule un régime populiste vomissant sa haine d'une fraction de la population, et la servilité envers un pouvoir dictatorial, ce film précédant le To be or not to be de Lubitsch ou le Blitz Wolf de Tex Avery est une critique visionnaire, lucide et courageuse de la machine nazie en branle. Et l'Histoire lui ayant tragiquement donné raison, il n'a donc rien d'une farce.
Interprétant le rôle d'un barbier juif sosie d'un chancelier antisémite dont il va prendre la place, Chaplin signe une incroyable série de séquences d'anthologie (le rasage sur les danses hongroises de Brahms, la jonglerie avec le globe terrestre), mais, surtout, finit par un discours pacifiste fleuve face caméra, d'autant plus étonnant qu'il émane d'une vedette du muet rétive au parlant dialogué jusqu'à ce film. Si Charlot quitte son silence iconique, ce n'est pas pour faire un coup publicitaire, mais du fait de l'imminence de la catastrophe qu'il a pressentie. En terme d'engagement artistique, on atteint là des sommets ; espérons qu'il n'y ait jamais de raison de le dépasser...
Le Dictateur
Vendredi 17 février à 20h30 au cinéma Art et Plaisirs (Voreppe)
