de Annemarie Jacir (Pal., 1h36) avec Mohammad Bakri, Saleh Bakri, Maria Zreik...
Shadi rentre à Nazareth pour aider aux préparatifs du mariage de sa sœur. Selon la tradition, il accompagne son père afin de remettre en mains propres les invitations à la noce. Entre deux arrêts et moult discordes politiques ou privées, les deux hommes se cherchent... et se retrouvent.
C'est un très singulier road movie auquel la réalisatrice palestinienne Annemarie Jacir nous convie. D'ordinaire, ce genre de film vise l'évasion, l'élargissement des horizons, la libération ; ici, un père et son fils prodigue s'embarquent dans une voiture qui va sillonner Nazareth la tortueuse et son dédale de ruelles déjetées aussi encombrées que le sont leurs relations personnelles. Enfermés dans un habitacle réduit pour parcourir un territoire lui même enclavé, ils sont ainsi forcés d'affronter les mensonges (ou les choses tues) les empêchant l'un et l'autre d'être en paix avec leur passé.
Paradoxalement, ce huis clos familial a parfois des airs de Woody Allen, où la mère juive serait remplacée par le père palestinien cherchant à caser son fils en vantant exagérément ses mérites, et arrangeant sa propre situation pour qu'elle semble plus reluisante. Annemarie Jacir partage avec le cinéaste new-yorkais l'amour du lieu qu'elle arpente, et l'art d'en valoriser les atouts cinématographiques – fussent-ils des inconvénients topologiques. Des ruelles décaties seront toujours plus sympathiques qu'une frontière bien nette ou invisible...