Pop trash

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Odö - Cross My Heart and Hope to Die

Spacejunk

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Déformés, noyés dans un brouillard de lignes, les personnages de Nicolas Le Borgne, a.k.a. Odö, échappent à l'iris. Mais peu à peu l'univers sarcastique de l'artiste apparaît, dans lequel pin-up cadavériques, Mickey dégoulinant et autres figures de cartoon malmenées se côtoient. Une figuration où le détail rend l'image complexe mais percutante.Charline Corubolo

Exposé à la galerie Spacejunk, Nicolas Le Borgne est issu de la board culture, autrement dit un courant marqué par le street art et le skateboard. Son univers se distingue néanmoins de ses pairs par un trait minutieux fait de messages polysémiques. Affilié au Lowbrow, mouvement pictural apparu à la fin des années 1970 à Los Angeles, ce jeune artiste reprend les codes de l'imagerie populaire américaine et trouve l'inspiration dans les dessins animés de son enfance.

Armé de stylos et d'aquarelle, il détourne la figure de Mickey et celles de ses copains, comme sur la toile Bloody Minnie (2012), où Minnie est triturée dans tous les sens : dents pointues, yeux délirants et membres difformes, le personnage apparaît cauchemardesque. De ses bras coupés s'échappe une substance fibreuse qui envahit l'espace : elle semble se vider de son essence, comme si tout ce qui chez elle pouvait être innocence était évacué. Il en va de même avec You take too much (2012), où le nez et la langue de la mascotte de Disney se transforment en ballons percés, dont le dégonflement permet à Odö de faire disparaître la candeur de l'enfance.

Tatoue-moi le cartoon

Odö pousse la réflexion et le graphisme encore plus loin avec les Simpsons, dans des dessins visuellement plus hermétiques. Mais lorsque l'œil a démêlé l'ensemble, il y découvre une critique bien plus acerbe que les précédentes. Côte à côte, les portraits de Bart et Homer dévoilent des personnages grotesques et fumants, dont les tatouages se font dénonciations de la junk food, des armes et de l'alcool. Ce sont toutefois les titres des deux œuvres qui leur donnent toute leur dérision. Avec Smell like teen spirit (2012) pour le premier et The real dude (2013) pour le second, l'artiste met en lumière une certaine une jeunesse perdue.

Mais sorti de cette démarche de juxtaposition culturelle, autrement dit lorsque Odö use simplement d'une esthétique liée à l'encre et aux vanités, les tableaux perdent de leur force, tant graphiquement que sur le plan du discours. Nonobstant cette dernière série en demi-teinte, l'exposition a le mérite de montrer l'évolution de Nicolas Le Borgne (déjà exposé à Spacejunk en 2010) et la façon dont son univers s'enrichit en fantaisie et en références, à travers un dessin toujours plus élaboré et détaillé.

Odö – Cross my Heart and Hope to Die, jusqu'au 22 juin, à Spacejunk

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