Concert / Après un premier album solo largement salué en 2012, l'ex-Virago (groupe culte grenoblois des années 90) Olivier Depardon revient avec l'hypnotique et plus brut "Les Saisons du silence". Avant la sortie prévue le 23 février, le musicien est en concert au Ciel et en interview ici. Propos recueillis par Aurélien Martinez
En 2012, Un soleil dans la pluie, votre premier album solo après l'intense période Virago, a été très bien accueilli... Vous vous y attendiez ?
Olivier Depardon : J'avais mis du temps à le faire, à trouver comment le sortir... Je ne savais pas comment il serait reçu... Mais que Vicious circle [son label du temps de Virago – NDLR] ait été chaud pour l'accompagner, ça m'a rassuré. Et oui, l'accueil presse et public a été bon, on a joué pas mal sur deux ans.
Du coup, ça ne fout pas un peu la pression pour un deuxième ?
Ça n'a pas été pareil. Comme il y avait un truc de lancé, j'avais vite envie de composer de nouveaux morceaux, dans un nouvel état d'esprit. Entre le temps où j'ai enregistré le premier album, celui où je l'ai sorti et celui où on l'a joué, il s'est passé pas mal de temps. Du coup, avec le deuxième, je ne voulais pas trop traîner. Être plus spontané même.
D'où un enregistrement rapide en avril dernier, en douze jours dans les monts du lyonnais...
Je voulais capter en studio l'énergie que l'on avait en jouant ensemble sur scène [deux musiciens l'accompagnaient en tournée – NDLR]. En réfléchissant aux diverses possibilités, on a opté pour un bel outil studio, mais du coup sur une période plus courte que si on faisait ça ailleurs, dans un truc plus à l'arrache. J'ai bien aimé ce qui s'en dégageait.
L'album est certes très "depardonnesque", mais il sonne différemment du premier...
Je vois cet album comme plus brut. Pour moi, c'est un lâcher-prise sur plein de petites choses auxquelles j'étais plus attaché avant. J'avais fait mon premier album tout seul, avec beaucoup de strates de guitares, beaucoup de trucs très précis – je m'étais énormément pris la tête ! Du coup, le nouveau reste précis, mais plus sobre, plus direct.
Que sont ces « saisons du silence », du nom de l'album ?
J'ai mis un moment à trouver un titre à l'album, et même un ordre à tous les morceaux. J'avais cette idée de cycle qui revenait souvent, aussi bien dans les textes que dans certains trucs que j'ai pu vivre. Je suis donc arrivé sur les saisons, comme les chansons sont pas mal de petits bouts racontés comme ça, sur des cycles différents. Puis le silence pour évoquer les choses qui ne se disent pas, qui sont dans le silence mais qui existent quand même.
Comment définiriez-vous votre style musical assez particulier ?
Il y a du rock, bien sûr, parce que je viens de là, parce que j'aime ça. Après, je suis peut-être dans un registre un peu plus parlé, une sorte de poésie sonore qui casse l'aspect français des mots... Une sorte de mélange de tout ce que j'ai engrangé depuis le temps.
Faire du rock de la sorte en français, ce n'est pas si courant...
Oui c'est vrai, il n'y en a pas des masse. Ça a toujours été comme ça depuis le début. Je me suis parfois essayé à l'anglais, pour voir : c'était rigolo mais moins mon truc, je me sentais moins à l'aise. Et puis on n'écrit pas du tout pareil selon la langue. J'aime bien le français, jouer avec... C'était un peu déjà ça le défi à l'époque de Virago : coller le français sur une musique entre guillemets plus américaine.
Votre univers musical se rapproche de celui d'autres artistes, comme Michel Cloup par exemple. Sentez-vous appartenir à une famille ?
Ça fait partie des gens qui écrivent en français, avec une esthétique musicale singulière. Il y a aussi Michniak que j'aime beaucoup, et Dominique A... Après, sur le concept de famille, pourquoi pas, mais je n'ai pas forcément de revendication. Ça me fait juste du bien d'entendre ces mots en français que je peux comprendre plus facilement, qui me font des choses – je ne suis pas assez bon en anglais pour tout décoder !
À la fin de Virago en 2001, vous avez semblé ne plus vouloir être sur scène...
Quand on a arrêté le groupe, j'ai bossé au Ciel [une salle de concert à Grenoble – NDLR], pris du temps pour me consacrer au son – ce que je n'avais jamais eu le temps de faire avant. Et puis j'ai plus été au service des autres que de moi-même, en enregistrant ou en jouant... Après, ce besoin de faire de chanson est revenu, ça a mis du temps mais c'est reparti.
Du coup, on va écouter du Olivier Depardon encore longtemps ?!
Là, pour moi, c'est vraiment reparti. J'ai besoin de ça... Il y a des cycles qui se sont bouclés, d'autres qui se sont lancés ; ça me fait du bien d'être là-dedans.
Olivier Depardon (+ Pop. 1280), mercredi 4 février à 20h30, au Ciel