Du cirque, des performances, mais du sens aussi. C'est ce que s'échine avec talent à proposer la compagnie des 7 doigts de la main. Démonstration avec "Psy", pièce complète et enjouée du collectif québécois désormais mondialement connu. Nadja Pobel
Au début, ils étaient sept issus d'une bande d'amis qui, en 2002, après une discussion, décident de se lancer collectivement en apesanteur. Ils ont le background pour bien faire puisqu'ils sont acrobates, jongleurs voire sportifs de haut niveau. Six d'entre eux sont québécois, sont passés par la formation du Cirque du Soleil (qui suscite alors de très nombreuses vocations) ou par l'École nationale du cirque de Montréal, mais ne veulent pas être uniquement des circassiens reconnaissables à leur seule maîtrise technique. Ils créent alors dans chacune de leur pièce des personnages auxquels les spectateurs peuvent s'identifier.
Leur premier lieu d'entraînement, de brainstorming et d'improvisation étant leur appartement, leur première création se nomme tout naturellement Loft. Suivront des spectacles aux titres courts et percutants : Traces, La Vie, Psy, Patinoire et Séquence 8, dont la création mondiale a eu lieu cet été dans le théâtre antique de Fourvière à Lyon.
Internés sur scène
Psy, qui ne cesse de parcourir le monde depuis 2010, est un excellent exemple de leur travail : technique, ludique et instructif, avec même parfois quelques mots distillés ça et là. En effectuant des performances au trapèze, aux roues allemandes, à la corde aérienne, dans les airs ou sur terre, tous les sept se mettent au service d'une chronique sociétale, toujours joyeusement mise en musique (ici notamment un remix de House of the rising sun des Animals par The Avalanches). Ils ne craignent ainsi pas les sujets ardus, car avec Psy, ils n'abordent rien moins que les pathologies psychiatriques.
Au plateau, une femme lutte contre son agoraphobie en s'élançant dans les airs, un patient atteint de troubles obsessionnels du comportement tente de s'échapper d'une marée humaine par des acrobaties, un homme recherche son identité dans l'obscurité parmi une foule de visages masqués et inquiétants, un autre entend une voix lui sommant de se pendre à un trapèze par les pieds... Mais tout cela est en permanence mâtiné d'humour. Une thérapie artistique de haut vol.
Psy, vendredi 25 et samedi 26 janvier, au Théâtre de Grenoble