Lorsque que vous aurez découvert le hobby de Nicolas Winding Refn, vous ne serez plus étonné par la musique qu'il choisit pour habiller ses œuvres — ni par aucune d'entre-elles, d'ailleurs. Le réalisateur de Drive et de Pusher, qui pratique en effet les lumières hurlantes et les sonorités aussi tranchées que des sashimis par goût de l'authenticité référentielle, collectionne les affiches de films.
Pas celles des chefs-d'œuvres du 7e art, à l'instar de Gaspar Noé ; plutôt les productions de seconde zone diffusées dans les salles interlopes : films de blaxploitation, érotiques ou sous-séries Z. Des affiches aux tons criards, aux slogans aguicheurs, généralement ornées de dames nues et de messieurs menaçants. Acquéreur d'un énorme lot auprès d'un autre collectionneur, le journaliste Jimmy McDonough, NWR (comme les initiés, appelez-le par ses initiales) a contemplé l'étendue de ses richesses et pris une sage décision : réunir dans un ouvrage 316 de ces réalisations graphiques.
Contribution à l'histoire souterraine et déviante de la communication cinématographique, le recueil de ces merveilles s'intitule sobrement L'Art du regard — c'est beau comme du Deleuze — pour mieux surprendre les néophytes. Officiellement, la sortie de cette somme en tirage très limité n'est prévue que le 28 octobre. Mais l'institut Lumière étant coéditeur (avec La Rabbia et Actes Sud), elle sera déjà disponible lors de son festival. Comptez 80€ le plaisir des yeux.
Nicolas Winding Refn
Au Bal des Ardents mardi 13 octobre