Bande Dessinée / Convier Joann Sfar pour évoquer son dernier ouvrage paru exige de se tenir à la page : il en a peut-être sorti un ou deux nouveaux depuis la semaine dernière...
On ne dira rien ici du nouvel opus de Joann Sfar, Tu n'as rien à craindre de moi la bande dessinée dont la récente parution chez Rue de Sèvres est prétexte à l'organisation de cette causerie-rencontre aux Célestins à l'invitation de la Villa Gillet — pour la simple raison qu'on ne l'a pas encore lue. Pardonnez cet aveu coupable, mais il faut bien reconnaître que le stakhanoviste auteur place ses lecteurs-spectateurs dans une situation compliquée : à peine a-t-il achevé un album qu'il publie un roman, juste avant la sortie d'un long-métrage, lequel précède un film d'animation ou une collaboration à quelque aventure collective...
Et en marge (ou dans les marges) des Donjons, du Chat du Rabbin ou de Grand et Petit Vampire, l'ubiquiste hypergraphe dévoile avec une générosité rare ses notes intimes et travaux préparatoires dans des carnets ou des recueils parfois volumineux — voir le pavé de dessins et d'aquarelles inspirés durant la conception de son Gainsbourg...
Cette somme ne compose pourtant qu'un fragment de son œuvre multimédiatique. Sfar est aussi, au risque que certains s'en étranglent, un chroniqueur avisé des faits et méfaits du temps présent. On l'a vu, lu et entendu (trop, d'après ses contempteurs), sur les réseaux sociaux comme sur les ondes au moment des attentats de janvier et novembre 2015 ; et ses interventions dépassaient l'émotion immédiate en cherchant à éditorialiser son propos. Là où tant d'autres se répandaient en commentaires circulaires, constats ou anathèmes, lui tentait de trouver une réponse dans une perspective politique et combative, dans la revendication de l'art et de la vie contre la barbarie.
Qu'il poste une esquisse réalisée à une terrasse de café, ou relate ses échanges avec un chauffeur de taxi, son geste est identique : Joann Sfar signe des croquis. Le grand prodige de cette plume agile, c'est qu'elle parvient aussi à en effectuer, des croquis, par la parole.
Au Théâtre des Célestins le lundi 25 avril à 19h30