Théâtre / Le metteur en scène qui a tant électrisé le théâtre français il y a plus d'une décennie revient aux affaires avec une nouvelle adaptation de Shakespeare à voir aux Célestins. Un retour malheureusement sans éclat.
C'était il y a une quinzaine d'années. Le metteur en scène Vincent Macaigne devenait la coqueluche du théâtre français avec une série de spectacles survoltés plein de cris, d'hémoglobine et de bâches pour les premiers rangs qui transformaient l'acte corseté de la représentation en fête punk. Le public, souvent jeune, et une grande partie de la critique (nous compris) s'enthousiasmaient, captivés par cette façon de dynamiter Shakespeare ou Dostoïevski avec un talent certain et pas mal de bières distribuées à l'entrée de la salle.
Le temps a depuis passé, Vincent Macaigne est maintenant un acteur respecté du cinéma français, sorte de clown lunaire à mille lieues d'une première vie qui lui valut quelques pépins de santé tant elle était intense. Une vie qui lui manque sans doute, puisqu'il a repris l'an dernier la direction des planches avec Avant la terreur, nouvelle adaptation très libre de Shakespeare – celle de la pièce-monstre Richard III.
Terreur paralysante ?
Certes, les interprètes, investis, éructent toujours leur rage. Certes, la scénographie permet bien toutes les folies de mise en scène. Certes, la démence meurtrière du héros shakespearien est palpable, agrémentée de liens avec notre monde contemporain. Mais avec ce nouveau cru de 2h30, l'enfant terrible aujourd'hui quadragénaire n'arrive pas à réactiver sa propre légende, se répétant plus qu'il ne se prolonge.
S'il offre tout de même encore une poignée de moments fiévreux, de ceux qui électrisent une foule et matérialisent magnifiquement la notion de spectacle vivant, il donne surtout l'impression de ne plus lui-même croire à tout ça. À moins qu'il ne soit paralysé par la terreur qu'il annonce.
Avant la terreur
Aux Célestins du jeudi 16 au jeudi 23 mai