C'est la dernière annonce (fracassante) du festival Lumière : comme le lapin sorti du chapeau, un hommage aux studios Ghibli du grand Hayao Miyazaki, qui fêtent en 2013 leurs 25 ans. Miyazaki a jeté un petit froid au festival de Venise ; alors que son dernier film, Le Vent se lève... il faut tenter de vivre, était en compétition — d'où il est, au passage, reparti bredouille — le maître annonça sa retraite de réalisateur. Certes, tel un compagnon de la chanson, il n'en est pas à sa première tentative — depuis Chihiro au moins, il annonce son envie de raccrocher les pinceaux et la caméra — mais cette fois, ça a l'air sérieux.
Quoiqu'il en soit, le patrimoine Ghibli est énorme, et le travail accompli par Miyazaki représente une révolution incontestable dans le domaine du cinéma animé. Abordant des thèmes nouveaux — la menace qui pèse sur l'écologie, la guerre — à travers le prisme de l'enfance ou du merveilleux, poussant l'interpénétration entre le réel et le fantastique jusqu'à les rendre indissociables, il a bâti une mythologie qui n'appartient qu'à lui, imposant un trait là encore extrêmement personnel.
Lumière lui rendra donc hommage avec la première française de son dernier film — ne cherchez pas, c'est sold out depuis le lancement de la billetterie — mais aussi avec les projections de Mon voisin Totoro — sublime — Princesse Mononoké — furieux — et le film de son ami et disciple Takahata, Le Tombeau des lucioles — déchirant. Par ailleurs, Thierry Frémaux a promis de tout faire pour convaincre le maître de se déplacer jusqu'à la rue du Premier film. Ce n'est pas gagné, mais on peut toujours rêver...
Christophe Chabert