D'Olivier Assayas (Fr, 2h03) avec Juliette Binoche, Kristen Stewart...
La prétention qui suinte de la première à la dernière image de Sils Maria ne surprendra pas ceux qui, comme nous, ont pris en grippe le cinéma d'Olivier Assayas. Il y raconte, sans le moindre scrupule de crédibilité, comment une star entre deux âges (Juliette Binoche, qui pose tout du long en alter ego de Juliette Binoche) décide de reprendre la pièce qui l'a rendue célèbre et dont l'auteur s'est éteint, comme par hasard, au moment où elle allait lui rendre hommage en Suisse. Elle laisse le rôle de la jeune première à une nymphette hollywoodienne (Chloë Grace Moretz) et endosse celui de la femme mûre, ce qui déclenche chez elle un psychodrame dont le souffre-douleur sera son assistante (Kristen Stewart, la seule à surnager en adoptant un très respectable profil bas au milieu du désastre).
«Tu l'as vu, mon Persona ?» nous susurre Assayas tout du long avec une finesse éléphantesque, des coquetteries stylistiques de grand auteur — le faux film muet, la musique classique — et une manière très désagréable de désigner ce qui est de l'art et ce qui n'en est pas. Les blockbusters de super-héros ? Des merdes à regarder avec des lunettes 3D ridicules... Internet ? Un aspirateur à scandales pour faire mousser des célébrités à l'ego enflé... L'Amérique ? Un mirage fascinant qui masque une profonde inculture... Le problème, c'est qu'Assayas pipe les dés de sa démonstration en réalisant des pastiches grotesques plutôt qu'en s'appuyant sur des exemples réels — seul Sydney Pollack aura droit à une assez basse attaque ad hominem. Sils Maria semble contaminé par cette logique du faux mal fichu, ressemblant à un premier jet ni réfléchi, ni dégrossi, un cinéma de roi fainéant à l'arrogance même pas dissimulée, qui se termine sur une scène de théâtre contemporain pour un ultime et piteux cliché de mise en scène.
Christophe Chabert
Sortie le 20 août