Une histoire de mère porteuse, de maladie et de filiation qui démarre comme un thriller et se termine en mélo psychologique lourdingue.
Melody est coiffeuse à domicile et, en attendant de réunir les fonds pour s'acheter son salon, dort dans les cages d'escalier bruxelloises. Contre une forte rémunération, elle accepte de porter l'enfant d'Emily, une riche Anglaise, après avoir subi l'insémination en Ukraine.
Bernard Bellefroid choisit d'abord de laisser planer le doute sur l'identité réelle et les motivations profondes de Melody : mythomane, calculatrice ou simplement paumée, elle passe de l'ingénue à l'intruse dans la maison lorsqu'elle s'installe de force chez son hôte, entre chantage et manipulation psychologique. Cette première partie n'est pas mal du tout, car elle refuse conjointement le film à sujet (les mères porteuses) et les explications simples.
Ensuite, tout s'effondre : la révélation de la maladie d'Emily, des origines familiales de Melody et la lourde symbolique de filiation / adoption / (re)naissance qui en découle plonge le film dans des abîmes lacrymaux et psychologisants, révélant sa vraie nature de mélodrame pataud.
Seule l'étonnante Lucie Debay, le genre de comédiennes qui tapait dans l'œil des frères Dardenne avant qu'ils ne leur préfèrent des stars installées, illumine jusqu'au bout cette œuvre bancale et inaboutie.
Christophe Chabert