de Dito Montiel (E-U, 1h24) avec Robin Williams, Kathy Baker, Roberto Aguire...
Robin Williams partage avec James Dean ce redoutable privilège d'accumuler les rôles posthumes : quasiment deux ans après sa disparition, le voici qui se rappelle à notre bon souvenir — se peut-il qu'on l'oublie ? — avec un film inédit. Mais à la différence, par exemple, du pathétique La Nuit au musée : le Secret des Pharaons (2015) de Shawn Levy — où le comédien, le regard déjà ailleurs, assurait une silhouette fantomatique — Boulevard constitue une conclusion de carrière magistrale. Un point final aux allures de point d'orgue.
Williams y campe un employé de banque modèle, marié, discret, succombant une nuit à l'attirance pour les hommes qu'il avait réfréné pendant des années. Cette libération personnelle, en forme d'aveu secret, s'incarne dans un tapin qui va devenir le nouvel axe de son existence, perturbant dans tous ses compartiments l'ordonnancement de sa vie si bien rangée.
Du fait de la proximité de leur arrivée sur les écrans, on ne peut s'empêcher de noter de troublantes similitudes entre Boulevard et le récent Les Amants de Caracas de Lorenzo Vigas Castes — un homme mûr à l'homosexualité honteuse s'attachant (s'achetant) les faveurs d'une jeune gouape des milieux interlopes qu'il va tenter d'arracher aux bas quartiers. Mais la comparaison se fait au détriment du si maladroit film vénézuélien ; celui de Dito Montiel disposant de personnages plus complexes et d'une interprétation infiniment plus subtile.
Car si Williams dévore l'écran en cristallisant le poids d'un silence trop longtemps maintenu, ses partenaires sont à la hauteur de sa prestation, à commencer par celle qui incarne son épouse, Kathy Baker. Montiel a écrit pour eux l'un des plus beaux couples de cinéma de ces dernières années, à la fois déchirant et attachant par sa force symbiotique. Ils le lui ont bien rendu.