Un film de Tom Boothe (E-U, Fr., 1h37) documentaire
Une utopie réalisée mérite toujours d'être valorisée, surtout si, comme le Park Slope Food Coop, elle est économique. Créé en 1973, ce supermarché coopératif est une enclave miraculeuse en plein New York, où 17 000 membres s'engagent à effectuer 2h45 de bénévolat par mois. En contrepartie, ils ont accès à des produits équitables, de bonne qualité à des prix modiques.
Ajoutons que le négoce est rentable (il écoule son stock plus vite et réalise un plus important chiffre d'affaires que les autres), qu'il est un plus social pour ses rares salariés, et l'on a presque tout dit ; le reste est livré par les témoignages de fondateurs, de membres-clients entrecoupés par des séquences captées dans le quotidien... ou chez la triste concurrence. Tout tend à prouver que l'autogestion fonctionne et qu'elle n'a pas de défaut. Limite prosélyte.
Un truc chiffonne malgré tout : tourné il y a quatre ans (à l'époque où le réalisateur effectuait son étude de marché), ce film sort pile au moment où Boothe ouvre sa propre supérette coopérative parisienne, laquelle se trouve — tiens donc — partenaire de l'opération. Eh Tom, tu as a beau porter un pull jacquard, une barbe de trois jours et un discours progressiste, si tu fais du placement de marque, tu copies les modèles capitalistes. À défaut de les recycler...