Un film de Louis Lumière et de nombreux opérateurs (Fr, 1h26) documentaire commenté par Thierry Frémaux
Qui a déjà assisté à une séance d'ouverture/clôture du Festival Lumière, voire à l'invitation à un(e) cinéaste ou à quelque personnalité rue du Premier-Film, a forcément entendu Thierry Frémaux s'acquitter d'un commentaire en direct de vues Lumière, dévidant force anecdotes historiques sur le mode badin — il est rompu à cet exercice depuis le Centenaire du Cinématographe, en 1995.
Ces inestimables bobines des premiers temps du 7e art venant d'être restaurées numériquement, l'idée a germé d'en faire revivre une sélection sur grand écran, histoire que les yeux du XXIe siècle redécouvrent le monde du XIXe. Au bilan, 108 vues figurent dans ce programme composé suivant des chapitres thématiques plus que chronologiques ; 108 ultra courts métrages “escortés” par la voix du patron de l'Institut Lumière — son ton ici plus solennel qu'à l'accoutumée, atteste qu'il est conscient de l'éternité à laquelle il se soumet en posant son timbre sur ces enveloppes cinématographiques.
Projetés dans le respect de la vitesse du tournage — donc sans ces odieux accélérés transformant le moindre plan en saynète comique —, ces vestiges du passé signés par les prolifiques frères et l'armée d'opérateurs œuvrant pour eux (Constant Girel, Alexandre Promio parmi tant d'autres ignorés par la postérité), témoignent d'un indéniable sens de l'esthétique, pourtant longtemps contesté. Inventeurs au sens mécanique, ces premiers filmeurs furent aussi des découvreurs de formes, des sculpteurs d'images mouvantes, des grammairiens de l'image animée. Face à ces vues, on a la preuve patente qu'ils étaient, à l'instar de Méliès, des auteurs accomplis. À voir par curiosité, nécessité ou plaisir.