Documentaire / de Gilles Perret (Fr, 1h35) documentaire avec Jean-Luc Mélenchon
Au soir du premier tour de l'élection présidentielle de 2017, on s'étonnait de ne pas avoir dès 20h de déclaration à chaud ni d'images de Jean-Luc Mélenchon. Cette absence médiatique du bouillonnant candidat, si présent durant la campagne, était-elle consécutive à la stupéfaction, la déprime ou une bouderie de se retrouver classé quatrième à l'issue du scrutin ? Près d'un an plus tard, cet instant d'actualité, devenu fragment d'histoire immédiate, nous parvient grâce à la “caméra embarquée” exclusive d'une production privée — le paradoxe s'avère pour le moins étrange concernant le champion de La France Insoumise — ; celle du documentariste Gilles Perret, alors en train de tourner son portrait.
Las, on devrait parler d'hagiographie tant le film du bon camarade Perret, partageant les idées de Mélenchon, s'emploie à renvoyer du candidat un reflet flatteur, visant à rectifier la caricature de loup-garou ordinairement diffusée par ses adversaires. D'un côté comme de l'autre, il s'agit pourtant de propagande, et aucune n'est donc recevable.
Proche idéologiquement de son sujet, il peut difficilement adopter une distance critique comme avait su le faire Depardon avec Giscard dans son fameux 50, 81% (1974), devenu 1974, une partie de campagne, documentaire (pourtant de commande !) où le cinéaste capte le réel et se garde bien de converser à la bonne franquette avec VGE. Le résultat, très nuancé et loin d'être complaisant, avait valu au film une censure de 28 ans.
Perret, qui a jadis su mettre son militantisme au service de causes justes et progressistes (La Sociale), donne l'impression ici de succomber à la pire des courtisaneries rétrogrades avec cette production inutile. Pas vraiment révolutionnaire, comme geste cinématographique...