Art Contemporain / L'Institut d'Art Contemporain présente deux jeunes artistes, Maria Loboda et Charwei Tsai, dont l'univers plastique séduisant et poétique bouscule nos certitudes et rouvre les méandres du sens.
La fête, la musique, la noce : le titre de l'exposition de l'artiste polonaise Maria Loboda fleure bon la légèreté et la gaieté. Mais c'est un leurre : il fait référence en réalité à "la guerre", dans l'argot de la grande armée napoléonienne. Et ce double sens, cette ambivalence annoncent la couleur d'une exposition qui, sous des dehors esthétiques et attrayants, est traversée d'une grande tension et d'une violence contenue.
Le parcours conçu par l'artiste née à Cracovie en 1979 invite concrètement le visiteur à traverser plusieurs espaces qui, tour à tour, évoquent des sites archéologiques, des intérieurs de grandes demeures historiques ou des chapelles d'église. Colonne tronquée, bas-reliefs, plantes vertes, couronne immense de roseaux séparant les lieux sacrés des lieux profanes occupent les espaces transformés de l'IAC.
On y est à la fois saisi par une poésie plastique séduisante et déconcerté par une ambiance générale énigmatique : où sommes-nous vraiment ? Quel est le sens de ces objets ou des ces architectures ? Quelles sont leurs fonctions ou leurs références précises ? L'artiste, bien sûr, ne répond jamais précisément à ces questions et joue justement de faux-semblants, de mise en crise de nos certitudes...
Flux zen
Les œuvres de la taïwanaise Charwei Tsai (née en 1980 à Taipei) succèdent à celles de Maria Loboda dans les espaces de l'IAC, et là encore la séduction, la croyance et l'illusion constituent certains des enjeux de son travail... Nous croyons voir, dans la pénombre, l'éclat de la lune dans le ciel, et il s'agit en fait de son reflet sur l'eau. Mais, chez Charwei Tsai, le but n'est pas seulement de faire vaciller nos certitudes, mais plus encore de nous conduire vers une vision différente du monde, fondée sur une certaine philosophie boudhiste : le vide, le mouvement, l'interaction entre les choses, la transgression des frontières (entre les genres, entre le mort et le vivant, entre le motif et son double...) y prennent toute leur importance, loin des repères de la pensée occidentale.
Dans de grandes aquarelles, les mots du Sutra du cœur sont emportés dans un grand tourbillon. Et sur un monticule de sable au sol, l'artiste projette une vidéo représentant le cycle de la vie, de la mort et de la renaissance. La poésie de ses œuvres nous ouvre cette fois-ci à une sorte de flux qui traverse et transgresse les notions-frontières d'objet et de sujet, d'individu et d'environnement.
Maria Loboda + Charwei Tsai + Jeff Geys
À l'Institut d'Art Contemporain jusqu'au 13 août