Photographie / Le Réverbère réunit quatre photographes qui ont le voyage dans le sang de leur création : Thomas Chable, Serge Clément, Jacques Damez et Bernard Plossu.
Il est cinq heures du matin à New York, à Dakar, Mumbai, Istanbul, Bangkok... Aux pays des ombres, la vie doucement s'éveille : au pied d'un pont, en bordure de plage, à l'intérieur d'une voiture, ou au reflet d'une vitrine... Et, dans cette montée timide de la lumière, le photographe canadien Serge Clément capte le lent remuement de silhouettes sombres à l'orée du jour. L'accrochage, au Réverbère, de ses images prises aux quatre coins du monde, toujours à la même heure, nous saisit par sa dominante de noirs, cette sorte de brume sombre et flottante d'humanité, parmi laquelle, peu à peu, les images comme les corps se dessinent, se précisent. Ce fondu des formes, cet entre-deux du flou et du réel nous renvoie à l'image d'un autre photographe, Bernard Plossu, métamorphosant un car touristique à Rome en présence fantomatique. Comme si chez l'un et chez l'autre de ces photographes voyageurs, les images étaient d'abord un souffle, une trame onirique, une buée...
Image-mouvement
Deux autres globe-trotteurs, Thomas Chable et Jacques Damez, complètent ce quatuor de photographes réunis au Réverbère, parce que l'errance et le déplacement sont inhérents à leur travail artistique. De l'Éthiopie, Thomas Chable restitue surtout des atmosphères, des ambiances intimes d'intérieurs, et quelques compositions poétiques et abstraites à partir de trois tabourets ou d'une simple planche posée contre un mur et de ses ombres... En Gaspésie, Jacques Damez s'est laissé, lui, guider par ses perceptions intuitives, les hasards sensoriels des contrées rencontrées, cherchant souvent à échapper aux codes habituels de composition des paysages. Et la confusion visuelle initiale, dont s'emparaient à l'origine de leurs images Bernard Plossu et Serge Clément, constitue davantage pour Jacques Damez un horizon, un destin des images. C'est au bout d'une voie ferrée, à l'horizon de l'océan, que les formes et les éléments vont se dissoudre et s'abstraire.
Globe-trotteurs
Au Réverbère jusqu'au jeudi 30 avril