Festival / Peinture Fraîche a dévoilé sa programmation et son ambition de métamorphoser la Halle Debourg sous l'impulsion des nouvelles technologies. Un parti pris qui installe Lyon à l'avant-garde du street art.
Lyon n'a jamais fait figure de ville novatrice en matière de street art. C'est ce que Peinture Fraîche s'évertue à changer depuis sa première édition. Si le lieu où se déroulera le festival se révèle inchangé, son contenu connaîtra des évolutions puisque la totalité de la programmation artistique est renouvelée. Seuls les artistes locaux invités lors de la première édition seront à nouveau conviés à montrer et à vendre leurs œuvres dans l'espace d'exposition. Ce qui favorise l'émergence d'un marché de l'art urbain lyonnais et la professionnalisation des artistes. Une initiative bienvenue dans un milieu où la rémunération de peintures dans l'espace public est rare.
Qui seront les têtes d'affiche de cette édition 2020, et qu'espérer de ce Peinture Fraîche 2.0 ? Les nouvelles technologies seront sans aucun doute les invités d'honneur de ce festival puisque 80% des fresques seront animées grâce à la réalité augmentée, offrant aux visiteurs une double visite et une double lecture des pièces. L'usage des nouvelles technologies dans l'art urbain est récent, mais de plus en plus d'artistes les utilisent afin d'explorer de nouveaux outils de création et de lecture. À l'image de Bond Truluv, invité du festival qui expérimente la réalité augmentée aussi bien sur des œuvres papier que dans la rue. Artiste multimédia, il emploie la vidéo, la photographie et différents logiciels de modélisation pour composer des animations au sein d'un graffiti.
Illusions d'optique
Les writers seront bien représentés cette année avec la présence du New-Yorkais Adam K. Fujita et de son écriture lumineuse qui s'apparente à des néons, ou de l'Irlandais Aches. Ce dernier, influencé par le design graphique, applique ses codes au graffiti en utilisant les modes colorimétriques CMJN ou RVB ou le système de calques. Celui qui a la réputation d'être plus fort que Photoshop excelle aussi bien dans la création de tags que dans la peinture de portraits de plusieurs mètres traités avec des dissociations de couleurs.
Ces artistes qui passent autant de temps à geeker derrière un ordinateur qu'à composer dans la rue font fusionner l'homme et la machine. Dans de nombreuses créations, il est troublant de s'apercevoir que l'humain reproduit impeccablement le travail de l'ordinateur. À l'instar des précurseurs du style mixant dessin vectoriel et graffiti, 123klan, ou de l'Italien Soda, auteur de pièces abstraites, qui aime créer des illusions de troisième dimension en mettant en suspension des formes géométriques. Également influencé par le design graphique et l'écriture typographique, l'Anglais Ben Eine et ses lettrages géants feront halte à la Halle Debourg. Ce proche de Banksy, dont les œuvres squattent aujourd'hui des collections muséales internationales, est à l'initiative de la création de la galerie Pictures on Walls qui a fait sortir l'art urbain de la rue.
El Pez, pionnier du logo art fera voyager ses poissons pour la première fois à Lyon. L'artiste espagnol qui vit entre Barcelone et Bogota utilise la réalité augmentée pour donner vie à ses pièces. À deux reprises, il a pu montrer de grandes fresques augmentées à l'Art Basel de Miami en 2018 et 2019. Une expérience qu'il ne manquera pas de réitérer sur les murs de la Halle Debourg. L'invitation à la Portuguaise Aheneah n'a pas manqué de retenir notre attention puisque son utilisation de l'ordinateur est tout à fait singulière. Un logiciel de création l'aide à créer des motifs pour des broderies XXL. Un travail méticuleux qu'elle opère en intérieur sur des grandes planches en bois qu'elle appose ensuite dans l'espace public.
Les portraits géants d'Alber, les fresques géométriques d'Astro, les néons muraux de Spidertag, les lettrages de BakerOner et le graffiti pour personnes non-voyantes de The Blind seront également représentés. Du côté des Lyonnais, l'on note la présence de Brusk, Y?not, Bouda, Poes, Swing, Mani, O'Malley, Théo Haggaï, Erell, Osru et de Green Vegetal Work qui fera rimer artivism et street art grâce à ses installations végétales.
Peinture Fraîche à la Halle Debourg du vendredi 1er au dimanche 17 mai
"SAVE THE SEA" Graffmapping y Pez en Miami from www.el-pez.com on Vimeo.