Restaurant / Au Sud de Bellecour, côté Rhône, vient d'ouvrir l'un de ces établissements mutants : coffee shop, salon de thé, bar à dessert ou néobistrot, on ne sait plus trop. Confort, chic, féminin : ça c'est certain.
« Le quartier d'Ainay change », entend-on, répété, depuis quelques années. Comme pour l'excuser d'avoir été si longtemps « maussade et habité par une élite. » Côté bonnes assiettes, autour du musée des Tissus, il est vrai que ça bouge depuis un moment. On va au Troquet des Sens pour le vin nature (Ganevat, Dard et Ribo, Calek, au verre) ; chez Slika pour l'art et le café ; chez Jeannine et Suzanne pour des pâtisseries racées ; le tout autour de la flotte (resto, bouchon, bistrot, etc) de Thomas Ponson, dans la rue Laurencin.
Dans la rue Laurencin justement, vient d'apparaître Apiales. À travers ses grandes vitres on inspectera son intérieur épuré : des murs tout blanc qui se finissent en haute voûte, des meubles clairs en épais multiplis, du papier kraft en guise de nappe, pour seule déco quelques plantes et des coussins bariolés, une clientèle à 90% féminine. "Chaleureux" n'est pas le mot ; confortable et mignon, disons. À l'entrée, un grand comptoir en marbre, où sont exposées quelques douceurs en portions individuelles : tarte au citron, cheesecake, brownie.
Voilà un salon de thé aux atours branchés. On s'imagine y déjeuner des quiches et cakes salés (bingo !) et le week-end un brunch à 30 euros (c'est vrai...) que l'on arrosera de champagne (oui, du Ruinart !). Sauf que l'endroit propose aussi de vrais bons plats le midi. Il y a des assiettes format régime : tartine de saumon, labneh, radis, citron et mesclun ; magret séché maison, patate douce rôtie, épeautre et betterave ; ou ceviche du jour, recette équatorienne — comme la chef, Camilla. Mais aussi une formule déjeuner.
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Cette semaine (la carte change régulièrement) elle commençait par une soupe de carottes et pois chiches, cumin et chapelure au café. Suivait un filet de pintade de Bresse de chez Mérial : parfaitement cuit, moelleux et juteux, posé sur une purée de carottes, un gâteau de semoule aux noix de macadamia, des pois gourmands au combava, le tout relevé par un jus de volaille émulsionné au saté. Enfin, pour finir, un mignon et bon (quoique léger) dessert à base de framboises (grosses, charnues, françaises et sucrées), toute petite couche de crème à l'estragon, tuile aux amandes et guimauve amande amère. Et que boit-on ? De la ginger beer Belvoir, un Minervois bio, Laguzelle de Taillandier et le café du néotorrefacteur parisien Coutume.
Tout cela est plutôt bon, on a des assiettes sérieuses ; polies même. Et envoyées avec gentillesse par Adrian, ancien danseur initié à la restauration au Danemark et Angelina, exfiltrée de la presse magazine. On passera sur les petits problèmes à mettre sur le compte de la nouveauté (ils ont ouvert il y a un mois) ; mais il y en a un qui passe moins bien : c'est cher si l'on n'a pas un appétit de moineau ! Compter trois billets de dix pour un repas complet ; et sept euros le verre de vin qui va bien. Pour rappel, les Lyonnais sont déjà fans d'un autre "bar-à-desserts-avec-menu-du-midi-inspiré" : le Kitchen Café. Le menu y est à 22 euros. Mais il est vrai que nous sommes alors de l'autre côté du Rhône. Et que nous avons donc quitté le quartier d'Ainay...
Apiales
11 rue Laurencin, 69002 Lyon
Tél. 09 81 90 28 90
Du mardi au vendredi de 9h00 à 18h00, le samedi de 11h00 à 18h00
Menu 30€ ; pâtisseries autour de 5€ ; verre de vin 7€ ; café allongé 3€