Musique / À Lyon, les Suédois se suivent et ne se ressemblent pas. Après un Peter Von Poehl vespéral la semaine dernière, c'est un Jay-Jay Johanson sublimement cafardeux qui vient nous rendre visite. Dépressifs s'abstenir.Stéphane Duchêne
Si Self-Portrait, album long en bouche mais difficile d'accès, hermétique aux tentatives d'écoutes à la va-vite, est fortement déconseillé aux personnes dépressives ou sujettes aux troubles de l'attention, les courageux auront la joie (façon de parler) d'y retrouver un Jay-Jay à la fois apaisé et KO. Un Jay-Jay qui semble, sans plus se soucier des apparences, avoir enfin accepté d'être lui-même : soit un tripoteur compulsif de textures et d'ambiances enfin délesté de contraintes urticantes et superficielles comme se raser, composer des tubes ou composer tout court (au sens de faire des concessions). Aux filles suavement appâtées dans leur jeunesse au son du fameux So tell the girls that I'm back in town, Jay-Jay colle désormais des pains pour mieux se rouler dans la repentance (Broken Nose, flippant piano-voix). Et accumule les avaries comme on enfile des perles (sélection de titres au programme des réjouissances : Trauma, Medicine, Sore, My Mother's Grave). D'où, à n'en pas douter, le malaise de la pochette. Peu importe : comme, avant lui, Scott Walker, ex-grand «en-tubeur» vaporisé sur le tard dans l'abstraction et l'antimatière pop sans rien perdre de son génie, Jay-Jay nous prouve à sa manière qu'à quelque chose malaise est bon.Jay-Jay Johanson
À l'Epicerie Moderne, jeudi 2 avril
«Self-Portrait» (EMI)