S'il n'est pas celui qui a remis le maloya en lumière à La Réunion (ce serait plutôt Firmin Viry, via le premier album du genre enregistré en 1976 grâce au PC Réunionnais), s'il n'est pas non plus celui qui l'a le plus fusionné (Ti Fock l'a électrifié et métissé), s'il n'est pas non plus celui qui en a fait un objet de culte chez les artistes (on pense plutôt à Alain Péters), Danyel Waro a en lui un brin de toutes ces figures précitées et bien plus encore : il est celui par qui le maloya a conquis le monde, au gré d'incessantes tournées où ce chaman à la rousse chevelure chavire les cœurs de sa voix profonde mise au service de textes concernés et engagés, autant que poétiques : le fonkèr sur l'île est si important...
Un ambassadeur pas si conservateur qu'on ne le croit (de l'harmonica d'Olivier Ker Ourio au hip-hop de Tumi & the Volume, en passant par une reprise épique de La Mauvaise Réputation de Brassens, l'auteur de Batarsité sait prendre des risques), faisant avancer à pas du géant qu'il est cette musique traditionnelle emblématique des esclaves créoles, venue de loin (Mozambique et Madagascar), portée par la transe et la revendication, collective (les chœurs répondant au chant lead), dotée d'une pulse irrésistible (le fameux roulèr qui donne le kick, contrebalancé par la légèreté du kayamb porté par les alizés). Si vous ne l'avez encore jamais vu en scène, foncez : Danyel Waro est l'un des plus grands chanteurs de ce pays que l'on nomme France.