Passer les codes du théâtre à la moulinette ? Sophie Perez, Xavier Boussiron et leur compagnie du Zerep s'en sont fait une spécialité qui ne manque ni de panache ni de pertinence.
Les applaudissements n'interviennent d'ordinaire qu'en fin de pièce ? Qu'à cela ne tienne : en voilà qui scandent le début de Biopigs de façon mécanique – et ce pourrait être drôle si ce n'était pas qu'un exercice. Plus tard, après que les comédiens, survitaminés, ont moqué des artistes comme Peggy Guggenheim ou Sammy Davis Jr., des scènes plus ou moins cultes du théâtre sont détournées sous le regard laconique d'une grosse tête gluante aux yeux globuleux (pour en montrer la vacuité ? La force ? La question reste ouverte). C'est ainsi que l'on retrouve avec plaisir les notes de Massive Attack sur lesquelles ont dansé Pascal Gréggory et Patrice Chéreau dans Dans la solitude des champs de coton ou des ersatz de Stanislas Nordey et Audrey Bonnet rejouer, sans les cris et la douleur, Clôture de l'amour de Pascal Rambert.
Mais à qui s'adresse ce spectacle ? De toute évidence, à ceux qui fréquentent les salles à haute dose. Ce n'est pas un problème en soi – le théâtre peut, comme tous les arts, rire de lui-même, s'auto-citer pour mieux se remettre en cause et écrire son histoire. Mais Biopigs exclut avec un systématisme gênant tous les autres spectateurs, ceux qui n'ont pas les clés de lecture. Et ce travail qui voulait décoincer le théâtre de produire exactement l'effet inverse : il l'enferme dans son entre-soi.
Biopigs
Aux Subsistances du mercredi 16 au samedi 19 septembre