Les Clochards Célestes / C'est ce qui s'appelle une passation de pouvoir réussie. À 29 ans, la metteuse en scène Louise Vignaud succède à Élisabeth Saint-Blancat à la tête des Clochards Célestes avec bienveillance et cohérence et propose une saison plus qu'alléchante dédiée à la jeune création.
Quelles étaient vos intentions lorsque vous avez postulé à ce théâtre ?
Louise Vignaud : En tant que jeune metteuse en scène, je me suis demandée ce qui était important pour ma génération. Du temps pour créer ! Ici, c'est donc un lieu de découvertes (NdlR, il est labellisé comme tel par les tutelles Ville-Région-DRAC) il faut le maintenir et soutenir la nouvelle création.
Comment le faire, concrètement ?
J'ai choisi des compagnies qui seront présentes deux mois (un mois de plateau, douze soirs de représentations) pour mener à bien une recherche et qui changeront tous les deux mois. On soutient le processus de répétitions car je sais en tant que metteuse en scène que j'en ai besoin. Il s'agit du Théâtre Oblique, de la Compagnie Démembrée, du collectif la Onzième, des Non-alignés et la Doze.
Pendant leur présence, quatre d'entre eux vont montrer d'autres projets : ils en profitent et ils ont raison. Dans cette démarche, il y a aussi la volonté de permettre aux sortants d'écoles nationales ou de conservatoires d'avoir une réelle place au théâtre. Ils viennent de l'ENSATT, de la Scène sur Sâone, les conservatoires de Lyon ou de Villeurbanne. En tant que Scène découvertes, nous nous devons de confronter les écoles et les points de vue. Nous devons leur donner la possibilité de s'interroger sur leur manière d'inventer le théâtre. Leurs travaux sont très différents mais chez chacun d'eux il y a une explosion de la narration ou de l'espace (cf. Série noire d'après Alain Corneau qui déambulera sur les pentes de la Croix-Rousse).
Résultat : il n'y a que deux textes du répertoire programmé, le reste est très contemporain, comme Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas.
Oui. Je fais aussi ce constat-là en regardant les projets proposés. Ça veut bien dire qu'il y a l'envie de s'approprier d'autres genres de textes, de ré-écrire à partir de romans, de films... Il y a une interrogation de l'écriture. Et parallèlement, je monte Le Misanthrope au TNP en janvier. On peut encore s'intéresser à ces textes plus anciens !
Le revers de cette programmation pourrait être que les Clochards ne soient plus qu'un laboratoire.
Je dirais plutôt un lieu de fabrique. Mais non, je ne crains pas cela, car il y a des compagnies en création et le reste du temps, ce sont des spectacles déjà faits, bouclés, aboutis. De manière générale pour moi, le théâtre est toujours en fabrique, surtout chez les jeunes, j'espère. On interroge la manière de le faire. On va être une fabrique d'idées qui va aider à faire du théâtre et à le faire exister aujourd'hui.
Les spectacles jeune public sont dans l'ADN des Clochards Célestes. Comment perpétues-tu cela, alors que ce n'est pas votre spécialité ?
Je connaissais très mal cela. Je suis en train d'apprendre en en voyant beaucoup et ceux que j'ai choisi sont exigeants, plaisent je crois autant aux grands qu'aux petits, avec un maximum de formes différentes : du théâtre d'ombre, des marionnettes, du théâtre plus musical...
Pragmatiquement, trois lieux seront ouverts au public : la salle normale, la salle de répétition et le hall qui ouvrira théoriquement à 16h les jours de représentation. Que va-t-il s'y passer ?
Oui, je veux faire du hall un lieu de vie. Chaque jour de représentation, le public pourra venir s'attabler, lire, prendre des brochures, être tranquille, boire un thé, un café ou un jus de fruit et rencontrer éventuellement les équipes qui seront en place. Il y aura aussi des expositions. Ce lieu doit être chaleureux, donner envie de s'y arrêter, d'y rester. On va se débrouiller pour l'ouvrir au maximum malgré le récent arrêt des contrats aidés qui concerne directement notre emploi accueil/billetterie. On va faire acte de résistance.
Dernière innovation : programmer un spectacle en juillet, de surcroît le très intranquille Subutex d'après Virginie Despentes...
Tout le monde ne part pas en vacances en juillet. Et ceux qui restent ont le droit d'aller au spectacle ! Celui-ci est assez génial, il est autour de la musique, c'est estival même s'il n'est pas tendre puisque c'est Despentes. Mais il faut maintenir une exigence, même en divertissant !
Jeudi 7 // 19h30 // SOIRÉE D'OUVERTURE
-> Concert Pop et Folk-rock des « Trumpets of consciousness »
Vendredi 8 // 19h30
-> 19h30 : Présentation de saison
-> 20h30: Concert rap et slam de Gyslain.N
Samedi 9 // 15h30
-> 15h30 : Répétition publique de « War and Breakfast » mis en scène par Amine Kidia (à partir du 15 septembre)
-> 16h30 : Lecture-performance autour des « 76 clochards célestes ou presque » de Thomas Vinau place Chardonnet
-> 18h : Apéro-fanfare place Chardonnet
Entrée libre et gratuite, buvette sur place.