Musique / Lettré, fiévreux, et inspiré, le hip-hop de Psykick Lyrikah ne revendique néanmoins aucune autre étiquette. Entretien avec le rappeur Arm, à l'occasion de la sortie d'un nouvel album sur Idwet, “Acte”, et d'un passage très attendu à la Bobine. Propos recueillis par Damien Grimbert
Arm : Je l'ai rencontré à la fin de la conception de l'album Des lumières sous la pluie, on cherchait des arrangements pour un titre et le label a pensé à lui, déjà très actif dans le paysage musical. Il a finalement joué sur trois morceaux, puis nous l'avons invité pour le concert des Transmusicales de Rennes en décembre 2004. À partir de là, j'ai su que c'était avec ce monsieur que j'avais envie de continuer à travailler, c'était la première fois que j'étais impressionné à ce point par une façon de travailler, et une faculté à ne jamais se contenter des choses trop évidentes. Du coup ce nouveau disque Acte est aussi le fruit d'une formidable rencontre et de l'évolution de Psykick Lyrikah.Peux-tu revenir sur sa genèse ?
Tout est parti d'un concert guitare/voix, à Rennes en 2006. On a tenté cette formation le temps d'un live, en réadaptant des textes déjà existants. Puis finalement on a gardé deux ou trois morceaux dans la poche, qu'on a intégré au set live de Psykick, ou lors de cartes blanches d'Olivier. C'est justement à la suite d'une d'entre-elles que Dominique Brusson, ingénieur du son de Dominique A, impressionné par les morceaux, nous a proposé d'en faire un disque. Ce disque n'était pas prévu, on travaillait sur un autre album. Finalement Acte a été réalisé en à peine trois jours. Le premier pour affiner les compositions, le deuxième pour enregistrer, le dernier pour le mix. C'est donc un disque très brut, fait dans des conditions de live, avec une énergie très particulière.Tu sembles très attiré par tout ce qui est bande-son, musique de film...
Disons que ce sont surtout les musiques des films que j'aime beaucoup qui m'intéressent. Hermann et Taxi driver, Galt Mc Dermot et les films blaxploitation, etc. L'aspect narratif et visuel de ce genre musical me parle, c'est d'ailleurs une chose que l'on retrouve au sein du premier album, notamment les longues plages instrumentales au milieu d'un album de rap, ce qui n'est pas très répandu.Qu'est-ce que tu apprécies le plus, et le moins dans le rap en 2007 ?
Plein de trucs chez les Américains dans des styles assez différents: Ice Cube, Heltah Skeltah, Company Flow, Mobb Deep, Juelz Santana... En France, j'aime beaucoup La Rumeur et j'admire énormément Casey, ainsi que mes potes Iris, Grems ou Sept. Ce qui me saoule, comme beaucoup, les caricatures des raps “ghettos-mitraillettes” (même si pour les Américains, c'est un peu différent), celles “rap-électro-fluo”, celles “rap conscient-lis des livres-élève ta conscience”, celles “slam-poésie-fac de philo”, bref, tous ces gros clichés ultra-grillés qui croient changer l'histoire de la musique tous les deux jours en remâchant des techniques vues et entendues des milliers de fois.Psykick Lyrikah le 15 avril à 20h30, à la Bobine