Soirées / En l'espace de deux soirées, visite en trois temps des différentes variantes de l'électronica : chevronnée pour les artistes du On All 4 Tour, club et ravageuse pour Kap Bambino, et enfin savante et décomplexée pour le maître Felix Kubin. Damien Grimbert
On nous reproche trop souvent de jargonner à l'excès, pour ne pas s'autoriser, à l'occasion, le luxe d'un certain didactisme. L'électronica, donc, qu'est-ce que c'est ? À l'origine, la branche la plus savante, expérimentale, et innovatrice des musiques électroniques, plus à même de fasciner par sa déstructuration des rythmes et son travail des sons et des fréquences, qu'à déclencher une frénésie orgiaque sur les dancefloors. Cette veine « historique » est sans doute celle qui se rapproche le plus des sonorités de Humanleft, Aïdos, Vompleud, et 9th Cloud, 4 formations qui brouillent quand même un brin les pistes en la confrontant, chacun à leur façon, aux envolées breakées de l'abstract hip-hop (style cousin avec lequel l'électronica partage un grand nombre de caractéristiques). Mais, l'eau ayant amplement coulé sous les ponts depuis les expérimentations premières des pionniers du genre au début des années 90, certains audacieux se sont mis en tête de la réconcilier avec la sueur des pistes de danse. Une nouvelle vague représentée entre autres par le duo de choc Kap Bambino, composé des deux têtes pensantes du label bordelais Wwilko, fleuron français en la matière. Pour ces têtes brûlées, tous les moyens sont bons, riffs de guitares sanglants, sonorités synthétiques empruntées aux 80's, beats saturés, hurlements punks, et BPMs en furie... Autant dire que le résultat ne laisse pas indifférent, en ce qui nous concerne, on est même carrément fan, leur nouvel album Zero life, night vision, confirmant tout les attentes qu'on plaçait dans le duo depuis leurs précédents passages à Grenoble.Hors concoursD'autres, enfin, poussent tellement loin l'atomisation des frontières (pourtant déjà bien vastes) du genre, qu'ils finissent par atteindre, voire créer des sphères musicales qu'on serait bien en peine de délimiter. C'est le cas du fantasque Allemand Felix Kubin, qui depuis son plus jeune âge (11 ans !!!), compose et produit une infinité de morceaux qui composent autant de facettes d'un univers à la fois très savant et très pop, ludique, décomplexé, et, avouons-le, un brin déconcertant. Inspiré pêle-mêle par les mélodies enfantines, les films d'animations, la science-fiction, le dadaïsme, la musique concrète, la pop, l'électro lo-fi, ou encore l'imagerie soviétique, il fait ressortir toutes ces sources au travers de lives débridés et uniques en leur genre, et d'une flopée d'albums solos (près d'une quinzaine) sortis sur des labels comme A-Musik, Ski-pp, ou Gagarin Records, qu'il a lui-même fondé en 1998. Si l'on ajoute à cela sa présence de longue date au sein du duo Klangkrieg, ou encore sa participation à une multitude de collectifs aux noms abscons (Syndicate of Counter-Noise, Adventure Vibration...), on commencera à avoir un aperçu vaguement représentatif de la créativité exacerbée du bonhomme...On All 4 Tour le 20 avril au Bar MC2Soirée Freaked Beatz #5 le 21 avril à l'ADAEP