À l'occasion de la sortie de leur recommandé "Opus Compilateur II", et du concert qui l'accompagne au Théâtre 145, rencontre avec Alexis Bérard et Thibault Constantin, de Tradsch Miousic.Propos recueillis par Damien Grimbert
Tradsch Miousic, c'est... ?
Alexis Bérard : Une association qui existe depuis maintenant un petit bout de temps, 2001, 2002. Relativement tôt est née l'envie de sortir un disque collectif sous forme vinyl, mais le projet ne s'est concrétisé que 3/4 années plus tard, avec la sortie de l'Opus Compilateur 1 en novembre 2005, qui regroupait des groupes comme Rageous Gratoons, Pusse, Fantazio, Namas Pamos... Des projets un peu atypiques, des ovnis sur la scène musicale...
Thibault Constantin : C'est des groupes au travers desquels on retrouve une esthétique commune, malgré des univers qui peuvent paraître très différents les uns des autres. L'idée, c'était de les faire se rencontrer sur un support, mais également sur des concerts, des productions...
Votre ligne artistique ?
AB : Je viens d'un milieu à l'origine plus punk-rock, plus indus et je suis passé presque d'un coup aux musiques traditionnelles. En fait j'ai trouvé qu'il y avait énormément d'accointances entre les deux, dans la manière de pratiquer, et aussi dans ce que sont les musiciens, leur comportement en tant que groupe... Il y a moins de notion de show-biz, une pratique finalement relativement indé de la musique et un rapport différent à l'instrument acoustique. Tu peux avoir des choses très rock qui sont faites sans guitare électrique, et inversement des choses très trad' qui pourraient être faits avec...
Comment sont construits les Opus ?
AB : Ce ne sont pas vraiment des compilations, la plupart du temps, les morceaux sont enregistrés pour l'occasion, ou n'ont pas eu de sortie. Au final, on est plus proche du concept-album avec une vraie direction artistique, et aussi cette envie d'introduire à l'intérieur du projet des groupes grand publics qui vont servir de “porte d'entrée” à des groupes qui sont dans des niches beaucoup plus ciblées, soit en musique contemporaine, soit en jazz, ou à des artistes un peu inclassables comme Pusse. Et au niveau géographique, c'est un peu la même démarche, j'essaye d'avoir à chaque fois des groupes grenoblois ou de la région, histoire qu'ils puissent sortir un peu de cette foutue cuvette grenobloise
TC : Dans l'ensemble, c'est des artistes qui sont déjà sortis de leurs niches : des musiciens trad' qui font de l'impro, d'autres plutôt rock qui s'intéressent aux musiques traditionnelles... C'est vraiment des gens qui sont sortis de ces catégorisations, et qui ont créé des univers très expressionnistes, presque des tableaux.
Et cette soirée au 145 ?
AB : C'est Duo Tarabisco qui va ouvrir le concert, un duo de vielles à roue, qui a quelque chose d'assez organique. C'est pas traditionnel, loin de là, mais plutôt baroque, voire psyché, et c'est assez chouette. Ensuite, Scott Taylor, ancien tromboniste et accordéoniste des Têtes Raides qui distille un truc assez marrant, avec un côté un peu musique mécanique, une espèce de poésie sonore. Et pour clôturer la chose, Pusse, avec un nouveau set que je trouve complètement déroutant, c'est un mélange de Bauhaus, de Nick Cave, avec une espèce de tango argentin qui aurait pu être fait par Nina Hagen... Ça a un côté art brut, indus, qui est toujours aussi présent mais en même temps, ça a beaucoup gagné en lyrisme. C'est vraiment classe.
Opus Compilateur 2 (Tradsch Miousic) sortie le 12 mars, à partir de 16 euros
Concert de sortie avec Duo Tarabisco, Scott Taylor, et Pusse le 9 mars, au Théâtre 145