Musique / C'est avec une attente même pas dissimulée qu'on attend la prestation, mercredi prochain à EVE, de l'excellent combo électro/pop/rock Poni Hoax, accompagné pour l'occasion de Motormark et The Cathouse.Damien Grimbert
Avant toute chose, Poni Hoax, c'est d'abord un single, le magistral Budapest, sur lequel le groupe a fondé une bonne partie de sa réputation. Sur une partition disco-pop sombre et vénéneuse dans laquelle s'entremêlent violons, riffs noisy, et lourds beats électro, une chanteuse à la voix fiévreuse et au timbre légèrement éraillé nous emmène dans un long voyage au bout d'une nuit glaciale. Addictif dès les premières mesures, le morceau progresse lentement vers un inéluctable chaos noisy, qui va transcender l'harmonie fragile de ses éléments mélodiques avant de les broyer définitivement. Contracté dans un premier temps par le New-York Times et les affûtés médias indie américains, le virus Budapest, va rapidement contaminer la blogosphère, ainsi que le public clubber au travers de son imparable remix par Joakim (qui les a entre-temps signés sur son excellent label Tigersushi.) Par l'odeur du tube alléchés, on s'est empressés, dès l'annonce de leur venue sur Grenoble, de mettre la main sur leur album éponyme, et là, surprise, les styles fusent dans tous les sens. Pop aux relents new-wave, disco-punk décadente, ballade noisy... Les morceaux se succèdent sans se ressembler, moins accrocheurs que le single, certes, mais témoignant néanmoins de qualités musicales incontestables. Une musique sombre, froide, dansante, lyrique par moments, mais jamais monotone, oscillant entre pop 80's synthétique, rock noisy, et électro ravageuse. Et sans doute la meilleure chose qu'on ait entendu en indie pop-rock française depuis un petit moment...Cheerleader in my dreams.S'il s'avère curieusement difficile de recueillir beaucoup d'informations sur le groupe (ils sont 5, viennent de Paris et... c'est tout), leur page myspace laisse néanmoins entrevoir un solide sens de la dérision (en influences principales, ils citent ainsi Iron Maiden, Céline Dion, Liberace et Véronique & Davina), et un goût sympa pour les déclarations absconses tonitruantes («La symétrie induite par le Parthénon est une arnaque»). De l'humour qu'on aurait tort de prendre pour du cynisme : leur morceau Involutive star est vraiment consacré au spleen existentiel de Mariah Carey, et sur scène, le groupe balance visiblement toute son énergie, à en croire du moins, les comptes-rendus dithyrambiques de leurs prestations cet été sur le circuit des gros festivals (Eurockéennes, Dour, Benicassim). Autant d'éléments qui nous font attendre avec impatience leur concert, au cours duquel il serait également dommage de manquer la prestation de Motormark. Si le duo électro-punk écossais, signé sur le label Digital Hardcore Recordings d'Alec Empire, ne convainc pas forcément tout le long d'un album, il distille néanmoins ça et là quelques alléchantes pépites flirtant avec la new-wave dont se dégage une énergie rare et euphorisante qui ne demande visiblement qu'à exploser sur scène. À noter enfin une première partie assurée par The Cathouse, side-project pop du chanteur de Feverish.Poni Hoax, Motormark et The Cathouseen concert mercredi 14 février à EVE.