Réputés pour l'organisation de soirées alcoolisées, les bureaux des étudiants sont bien plus que ça. Mais pour ce supplément Insomniak, on s'en tiendra aux fondamentaux : nuit blanche et coma éthylique. Visite de quelques BDE grenoblois. Bernard de Vienne
Au début de l'année on a eu une réunion d'information de tous les BDE sur les soirées. Beaucoup ne se rendent pas compte que c'est hyperrisqué, la plupart des soirées étudiantes sont illégales. Certains ne préviennent ni la mairie, ni la SACEM. Il y a de quoi couler une assoc' en cas de contrôle». Wouah lui, le rabat-joie. Mais c'est bon à savoir. Celui qui parle, c'est Pierre Rouveure, responsable animation de l'AEPG, BDE des étudiants en pharmacie. «Ici on se passe vraiment le relais au niveau de l'assoc', d'une année sur l'autre. C'est pour ça que ça se passe bien». Pierre se charge de l'animation : actions humanitaires, pot des profs, pot des 1ère et 2e année... et les soirées. Quatre par an, et une pour la fin de concours des 1ère années. «La prochaine c'est le 8 février, au Sono». Pas de sponsors alcooliers ici, Pierre remarque que les grandes marques sont chères. Pour avoir des prix de gros, il faudrait acheter des quantités d'alcool astronomiques. «Et on ne vend pas de l'alcool toute la soirée. On pourrait, mais le but n'est pas de ramasser des cadavres. La consigne que je donne c'est que dès que quelqu'un est saoul, on arrête». L'UEG (Union des Étudiants de Grenoble), partenaire de la Prévention routière, fournit des bracelets et des alcootests pour les “capitaines de soirée“ (vous savez, ceux qui ne boivent pas pour ramener les copains à la maison). «Et même pour les petites soirées de 400 personnes, on met des navettes à disposition».Moins cher, mieux doséScience-Po, c'est un petit vase clos et un esprit de corps. Tout le monde se connaît, le bureau change chaque année. Spécialités du cru 2006-2007 : des soirées tous les mercredis au Bukana Pub, sur les quais. «Ils nous font des tarifs, et en échange on amène du monde. Ça n'a pas bien démarré, entre les fêtes et les partiels, mais ça ne va pas tarder», pronostique Luc Barthélemy, un des 17 membres du bureau. «On ramène aussi du monde pour la Ligue des Champions, le Tournoi des 6 Nations et la Coupe du Monde de Rugby». Car le Bukana possède un écran et retransmet le sport, tandis que l'école possède des sportifs heureux de s'abreuver. Et aussi des Erasmus, souvent là pour un semestre, et qui forment le gros des troupes du mercredi soir. L'essence d'un BDE, ce n'est pourtant pas cela. Les soirées, les vraies, sont comme suit : - une tombola le 8 février au Sun Valley, 1er prix : une vraie console de jeux, dernier modèle, et pour tout le monde : à boire et une nuit blanche.- Une soirée carnaval, au Sono, le 14 février (St-Valentin, vous aviez oublié ? mauvais consommateurs) et là, le BDE s'occupe de tout : les softs, l'alcool, la bière. Un alcoolier fait des prix de gros. «L'alcool c'est essentiel. Le but, c'est que les gens se mettent une bonne tête. Quand on organise tout nous-mêmes, c'est moins cher et plus dosé qu'en boîte». Ça t'amuse, Luc, de participer à cette débauche ? «Franchement, c'est la défonce ! quand ça finit à 5h c'est chaud, t'es là jusqu'à 8h, le temps de ranger, nettoyer, remmener les restes chez ceux qui peuvent jusqu'à la soirée suivante». Belle jeunesse, pleine de projets ! et presque responsable, puisque pour les vraiment grosses soirées des cars font la navette entre gare, campus, et lieu de la teuf.Des bras mais pas de galaÀ l'IAE (master d'éco-gestion), à trois minutes de marche de là, le bureau compte pas moins de 26 membres élus, plus une douzaine d'anciens qui n'ont pas su faire le deuil. Difficile de se casser le nez sur la porte, le BDE est toujours plein. Ambiance studieuse : on est en plein partiels. Nicolas Paget, le président du bureau, est en Master 1, fraîchement élu pour un mandat d'un an. «Il y a 3 sortes d'événements : les incontournables, comme l'intégration, le cabaret et le gala. Des gros événements du genre week-end ski, soirées en boîte, et des petits événements : soirée billard, lasergames, nocturne ski au collet d'Allevard, pétanque et événements privés : soirées à la cafet'». Pour les grosses soirées, le BDE tient des réunions chaque semaine, trouve une date, un thème (par exemple, “Feria“ : tous en rouge et blanc au Phoenix...), signe un contrat avec la boîte, les sponsors, un gros alcoolier et la sécurité routière (qui offre 5 “soft drinks“ à celui qui ne boit pas et qui, donc, conduit). Cédric Valageas, vice-président du BDE de Staps, organise «3 à 4 soirées par an. On voulait caler un gala cette année, mais ça coûte cher : c'est dans une grande salle, avec DJ en vue pour animer la soirée. Sur un gala, on est perdant, on le fait vraiment pour les étudiants. Ça pourrait se transformer en soirée en boîte». En boîte, pas de contrats avec des alcooliers : «on n'a pas pour habitude de tenir des bars lors des soirées», explique Cédric. Prochaine fête le 1er février au Drac Ouest. «Mon objectif c'est de retrouver l'ambiance d'il y a deux ou trois ans, mais on est tombés à 2 promos de première année contre 4 il y a deux ans... il ne faut pas se voiler la face : avec les grèves, les postes qui sautent (dans l'Éducation Nationale, ndlr) 1000 à 1500 personnes ce serait bien». Pour les intéressés, l'entrée est à 10 euros, ou 9 en prévente.Le sprint des colleurs d'affichesLa fac de Sciences héberge l'ASSID, le BDE des L1 et L2. Marthe Vougny, en L2 biologie, est vice-présidente communication. «Pour la soirée d'intégration, on a loué le Chamois d'Or, une salle mythique de Saint-Martin d'Hères. La fac de Médecine fait toujours ses soirées là-bas. Organiser une soirée c'est un minimum de 3 à 4 mois à l'avance pour réserver la salle, trois ou quatre semaines pour communiquer». Quand d'autres sautent en parachute, les membres du BDE savent où trouver de l'adrénaline pour pas cher : «On badigeonne tout le campus avec les affiches, en se faisant courser pas les “Securitas“... la dernière fois ça a duré de 5 à 7h du mat'... il faut passer juste après les boîtes qui font le nettoyage des murs, qui passent très tôt le matin, sinon quand les étudiants arrivent il n'y a déjà plus rien». La Fac vous prépare donc à un fait connu tous les organisateurs de soirées : la fête est un sport de combat.