Même si l'on est très loin des descriptions apocalyptiques ridicules trop souvent dressées par les journaux à sensation, il serait à l'inverse hypocrite de nier la présence fréquente de conduites à risques (consommation de drogues, rapports non protégés...) au cours des soirées. Entretien avec Audrey Casabielhe, présidente de l'association AIDES Isère, qui tient régulièrement des stands de prévention sur le terrain. Propos recueillis par Damien Grimbert
Comment est née cette idée d'établir des stands de prévention ?Audrey Casabielhe : À l'origine, il y avait un groupe régional qui intervenait sur Marseille, et comme Grenoble est quand même une plateforme importante au niveau de tout ce qui est événements festifs et musiques électroniques, il nous a semblé prioritaire de mettre en place des interventions de ce type lors de ces évènements.Depuis quand et où intervenez-vous ?On a commencé l'année dernière, et on est intervenu par exemple sur le festival Hadra à Chorges, sur les soirées Hadra et Icône à la Bastille... Et on travaille également en partenariat avec des personnes-relais, qui ont l'habitude d'être dans ce milieu-là, et qui interviennent tout au long de l'année. On leur fournit des kits de prévention, et de la documentation dont elles peuvent disposer lors de la soirée, et elles interviennent avec leurs méthodes à elles. Ça c'est pour tout ce qui est régulier-régulier, car comme on n'est pas non plus très nombreux, on ne peut pas intervenir tous les week-ends.En quoi consistent ces stands ?Ils ont pour vocation la réduction des risques liés à la consommation de produits psychoactifs et aux relations sexuelles. On y distribue des préservatifs, du gel, des kits “sniff“, des kits d'injection, et de la documentation...Le “testing“ de produits est-il encore pratiqué ?Non c'est interdit depuis le 25 juillet 2005 par une circulaire.Quel bilan tirez-vous de votre présence ?Le rendu que les gens nous donnent sur le terrain, c'est qu'on a tout à fait notre place dans ces évènements. En tout cas on est très sollicités quand on y est. Et puis notre manière de travailler, c'est aussi d'être en contact avec les gens, de les prévenir, par exemple, des risques de déshydratation liés à la consommation de produits psychoactifs. On se retrouve aussi à être là quand il n'y a pas la sécurité civile ou d'autres structures.Comment évoluent les conduites à risques ?Ce qu'on peut dire, c'est qu'il y a de plus en plus de polyconsommations (consommation de plusieurs produits différents) au cours des soirées et que le mode de consommation a quand même beaucoup évolué en, on va dire 10 ans. C'est consommé un peu “plus“ (plus de produits différents, en plus grandes quantités...), et différemment, ce n'est pas dans le même esprit, je pense que l'ambiance évolue elle aussi au sein de ces soirées.Et en ce qui concerne la toxicité des produits, l'âge des utilisateurs, le type de produits privilégiés ?Concernant la toxicité, il n'y a pas de grands changements. C'est très aléatoire suivant ce qui est fourni et comment les gens le consomment, mais je ne pense pas qu'il y ait de grandes différences. En termes de tranches d'âges, c'est un public qui est quand même très, très large, on peut voir des gens entre 17 et 45 ans, tant parmi les consommateurs que les non-consommateurs Il n'y a pas de groupes qui vont se détacher plus que d'autres. Peut-être que les plus nombreux vont être entre 20 et 30, 35 ans, mais cela dépend tellement des personnes qui vont venir aux stands... Enfin, pour ce qui est des produits, aucun ne se détache réellement. Vu qu'il y a souvent polyconsommation, on peut simplement dire qu'il y a beaucoup, beaucoup de produits différents sur les lieux. Le mot de la fin ?Des produits dans les soirées, de toute façon, il y en a toujours eu. Mais le stand de AIDES, quand il y est, peut donner des renseignements sur les produits, leur toxicité, et comment faire en cas de bad trip.AIDES-Isère, 8 rue Sergent Bobillot, GrenobleTel : 04 76 47 20 37@ : aides-isere.delegation@wanadoo.fr