Portrait chinois / De faÇon collégiale et dÉcontractÉe, les sbires du Johnny Staccato Band se sont pliÉs au jeu du portrait chinois artistique. Donc, si le groupe Était un...
LIVRE : “MOINS QU'UN CHIEN“ DE CHARLES MINGUS (éd. Parenthèses)La phrase qui résume le mieux le livre et la vie de Charles Mingus se trouve dès l'intro : «I am Three». En prenant la plume au nom de ses trois personnalités distinctes mais bizarrement complémentaires, le génial contrebassiste revient sur son parcours hédoniste (ses conquêtes féminines occupent une partie conséquente de l'ouvrage), sous la forme d'une séance de psychanalyse marathon, passage par une “maison de repos“ inclus.«Je ne connais que le titre en italien, c'est Peggio di un bastardo (NDLR : et histoire de vous faire la totale, en anglais c'est Beneath the Underdog), j'espère que le titre français ne le trahit pas trop... C'est son autobiographie. Charles Mingus, c'est l'exemple parfait du métissage total, sa mère était d'origine chinoise et anglaise, son père black et en même temps suédois – un extraterrestre qui a transféré cet état d'esprit dans sa musique, qui a poussé très loin l'exploration d'un jazz vivant, libre».DISQUE : “LOUNGE LIZARDS“ DE THE LOUNGE LIZARDS (label Island – dispo en import)Les cinéphiles assidus connaissent le fondateur de ce combo jazz hétéroclite, John Lurie, pour ses participations en tant qu'acteur et compositeur pour les premiers films de Jim Jarmusch (Permanent Vacation, Stranger Than Paradise et Down by Law), puis pour ses petits rôles dans Sailor et Lula, Smoke ou New Rose Hotel. Les mélomanes adeptes de la fusion vénèrent quant à eux ses expérimentations au sein de la formation The Lounge Lizards, créée avec son frère Evan, qui intégra dans ses rangs des musiciens aussi reconnus que Marc Ribot, Oren Bloewdow (d'Elysian Fields) ou le producteur Teo Macero. «C'est avec cet album que tout est né. Un univers unique issu de l'underground jazz New Yorkais de la fin des années 70, on sent qu'on a affaire à des jazzmen qui ont le besoin de casser les codes, la frontière entre jazz et rock. Ils déstructurent beaucoup leur son pour aller dans toutes les directions, dans un délire assez punk... Si les thèmes sont abordés d'une façon aussi destroy, c'est sûrement lié à la ville de New York, de ses bruits, de ses ambiances. Ça donne une musique pas très bucolique, d'une nature plus malsaine, qui préfère la dissonance à l'harmonie».FILM : “SHADOWS“ DE JOHN CASSAVETES (distribué en France par GCTHV)Alors là attention, on aborde ce qui est la référence absolue, l'artiste qui a inspiré jusqu'au nom de la formation – l'un des premiers grands rôles récurrents de John Cassavetes à la télévision américaine fut en effet celui de Johnny Staccato, jazzman reconverti en détective privé, et dont le bureau est sis dans un club. Chaque enquête (la série compte 27 épisodes) se retrouvait ainsi ponctuée de pauses jazzy rythmant des rebondissements plutôt corsés pour l'époque. Le show n'eut que deux années d'existence, mais en faisant sa promotion sur une émission de radio locale, John Cassavetes lança un appel à la générosité des auditeurs pour l'aider à financer son premier long métrage en tant que réalisateur. À la surprise générale, il reçut quelques milliers de dollars qui l'aidèrent grandement à lancer la production de Shadows. «On est tous des très grands fans de John Cassavetes. S'il fallait retenir un film, ce serait celui-là notre réelle source d'inspiration. Son premier film, réalisé comme une impro de free-jazz, une histoire terrible sur fond de racisme à New York».