Livre / Un homme blond hilare, ou peut-être au sourire légèrement forcé fait la couv'. Sur les pages intérieures, des femmes prennent la pause ; des hommes sourient en parka ; des enfants en jeans ou shorts regardent l'objectif. Chacun a sa spécificité : couleur de peau, origine, grands, petits, beaux, moins beaux, corps comme çi comme ça. Mais le point, presque commun à tous, est le sourire affiché aux lèvres. Les positions vivantes se succèdent aussi, jouant, assis, débout, couché, et, au fil des 1236 pages de ce catalogue de La Déroute, une humanité évidente, joyeuse et fraîche se dégage. Vous l'aurez compris, ce faux catalogue est un parfait pastiche du nationalement connu catalogue de vente par correspondance, La Redoute. Tout y est à l'identique : nombre de pages, mise en page, slogans, pubs, pages avec accessoires, objets, tout y est. Tout. À s'y méprendre. Mise à part que les mannequins sont des habitants de la cité dite sensible d'Empalot, quartier toulousain, que le jeune plasticien Nicolas Simarik (sollicité par l'association toulousaine Entrer sans frapper), s'en est allé rencontrer. «Ma démarche était de modifier, au mieux d'améliorer notre regard sur la cité : je voulais dépasser les préjugés sur la violence largement montrés par les médias et concevoir aussi un vrai livre d'images ludique, dans lequel on peut se balader », explique le jeune plasticien. Au total, 22OOO photos de 600 habitants de ce quartier ont été prises dans un contexte de rencontre et d'échange entre habitants et Nicolas. «Je ne voulais pas prendre sans rien donner en retour», précise t-il. Car, dans le quartier d'Empalot, pendant la phase d'élaboration du projet, «un lien s'est créé avec les personnes dans ce contexte où la difficulté d'exister est très présente». Le vrai défi, qui était de faire œuvre artistique collective, c'est effectivement produit : en plus d'être beau, drôle Le Catalogue de La Déroute, est un condensé de vie, sans obligation d'achat. SDEn vente à la Librairie Bonnes Nouvelles (14 euros)
