Pas de bras, pas de beaujolais

Pas de bras, pas de beaujolais

“Évenement” / Depuis une poignée d'années, dans notre ville sans prétentions (ce n'est qu'une tournure de style), le Beaujolais a mauvaise réputation. FC

La traditionnelle bacchanale accompagnant la sortie officielle de ce “nectar“ a pris la fâcheuse habitude de s'achever en affrontements mettant en scène les alcoolisés profonds entre eux, ou les morts pilots kamikazes face à des policiers “zélés“. Les bouteilles volent, le verre s'éclate en d'infinis débris, la foule se masse, l'ébriété est la norme minimale, tout semble permis - sauf que l'agressivité l'emporte fatalement, aux yeux des participants, du public et des préposés à la sécurité sur le présupposé festif de ce genre de manifestations. Donc forcément, lorsque l'événement dégénère dans des proportions incontrôlables l'an dernier, et que les gaz lacrymos ou autres tirs de flash-balls se joignent à la célébration, les médias nationaux (les télés aux premiers rangs) s'empressent d'offrir leur point de vue aux infos du lendemain, déclarant Grenoble zone de non droit éthylique. Étant donné qu'on n'y était pas (on a juste vu une vidéo prise sur le vif par le fringant Benjamin Dussy de TéléGrenoble, qui se sera pris de la lacrymo dans la gueule pour pas un rond – c'est malin, aussi, d'arriver avec un pote d'origine maghrébine et une caméra, et de demander à un CRS ce qu'il se passe !), on prendra soin de ne pas porter de jugement sur qui que ce soit, ou pire, de faire un rapprochement putassier entre cette dérive et les émeutes de banlieues qui frappaient alors le territoire. On évoquera la conséquence fatalement logique de ces débordements : la fête perd cette année de sa superbe. Une soirée “compartimentée“ Lors de leur conférence de presse du vendredi 10 novembre, la Mairie et la Préfecture ont fait part des mesures de prévention qui marqueront la soirée du 16 novembre ; l'objectif commun des autorités (et des responsables de débits de boissons) étant que la “fête“ se “déroule le mieux possible“. Les incidences les plus notables sont l'interdiction par Arrêté Municipal de la vente d'alcool à emporter en deux temps : dès 16h dans l'épicentre des échauffourées de l'an dernier (autour de la Place aux Herbes), et dès 19h dans le reste de la ville. Incidemment, sont aussi proscrits les consommations et transports d'alcool en dehors du cadre des bars et restos participant coûte que coûte à l'événement. Les amateurs du cru 2005 sont fermement invités à en profiter dans ce seul cadre, les points de contrôle policiers répartis autour de la zone “sensible“ se chargeront du coup de vérifier la bonne tenue des badauds et de confisquer tout “objet de délit“ (les bouteilles déjà ouvertes, où dont la consommation est prévue sur l'espace public). Sinon, au resto le Mix ce soir-là, aura lieu une soirée I Hate Beaujolais, avec le sexy bastard DJ Vax aux platines, et pas une seule goutte de ce breuvage somme toute pas terrible.

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