Entretien / En solo ou avec ses deux camarades d'Abstrackt Keal Agram, Robert le Magnifique avait déjà fait ses preuves musicalement, au détour d'albums hautement recommandables. Son expérience au sein de la compagnie L'Unijambiste a parfait son approche sonore de subtiles volutes. Rencontre. Propos recueillis par FC
D'où venez-vous, Robert le Magnifique ?Robert le Magnifique : Je suis bassiste d'origine, le petit dernier d'une famille de musiciens : le père trompettiste, la mère violoniste, le frangin batteur et un autre frangin qui était DJ pendant les années 70. Donc j'ai beaucoup bouffé de Led Zeppelin, puis je suis passé par Primus, les Red Hot, dès qu'il y avait de la basse, j'étais à fond. Et j'ai découvert les Beastie Boys et DJ Shadow. Avec les mecs d'Abstrackt, on s'est croisé sur Rennes et ils m'ont apporté tout ce qui était un peu plus électro. Comment avez-vous travaillé sur cette bande-son ?On est trois individualités assez fortes, on a bossé chacun de notre côté dans trois pièces différentes. On passait ensuite dans chaque pièce pour voir sur quoi les autres avançaient. À savoir que Tepr et My Dog is Gay sont beaucoup plus mélodiques et influencés noise, alors que je suis plus dans l'aspect ludique et rythmique. On a donc construit chacun de notre côté, puis chacun est venu apporter son petit grain. David Gauchard n'a pas eu envie qu'on se laisse brider par le poids de la pièce, il nous a juste donné les grandes lignes : “là je veux un morceau pour un enterrement...“.Votre présence sur scène s'est décidée naturellement ?On a bossé sur l'ambiance sonore un peu comme le sound designer d'un film. On voulait surtout capter le côté humain de la chose : les acteurs ne sont jamais au même rythme, en cas de plantage si c'est juste une bande son qui tourne toute la mécanique tombe à plat ; il y avait le besoin d'une matière maniable et malléable, qui puisse être adaptée sur scène. J'aurais préféré être caché, de là où je suis je ne vois rien et c'est un peu rageant de se dire que je ne verrai jamais le spectacle...Qu'est-ce qui a changé pour vous entre les deux versions de la pièce ? La première version était beaucoup plus théâtrale, et cette deuxième version se rapproche plus de ce qu'on voulait. Elle a été composée directement avec les comédiens pendant les résidences. Mais au passage, des morceaux qui sonnaient agréablement sur l'album s'inséraient moins bien, et ont dû être remaniés. On a en prévision de sortir une deuxième bande originale, qui inclura tous les morceaux retouchés plus quelques remixs, notamment avec le Quatuor Debussy, Ezra (un beat boxer) et un guitariste de Psykick Lyrikah.ROBERT LE MAGNIFIQUESortie d'Hamlet Thèmes et Variations 2 courant novembre sur le label Idwet