2006/2007 / une partie de la magnifique saison prochaine commentée par marc minkowski. Séverine Delrieu
La musique symphonique est le nouveau terrain de recherche de Marc Minkowski. Les Musiciens du Louvre•Grenoble s'étant distingués cette saison dans l'interprétation des dernières symphonies de Mozart (qu'ils joueront d'ailleurs lors d'une tournée en Amérique du Sud car «il est nécessaire de voyager, de porter loin ce que nous savons faire et en même temps de découvrir ce que font nos cousins éloignés»), un des événements de la saison prochaine sera l'interprétation de l'intégrale des Symphonies Londoniennes d'Haydn. «Il en a composé plus de cent, mais les Londoniennes, les dernières, concentrent tout son art, et il disposait pour elles de véritables orchestres, comparables à ceux qu'emploiera ensuite Beethoven. Je n'accepte pas la réputation de “père tranquille” qu'on fait à Haydn, ce maître absolu de la forme autant que de la fantaisie, de l'équilibre autant que de l'humour, bref de toutes sortes de vertus contradictoires qui sont la marque du génie. La 99e, le final de la 98e, même Mozart n'a pas distillé à un tel degré l'essence même de la symphonie». L'autre défi pour cette saison sera La Messe en si mineur de Bach, abordée pour la première fois par le chef et ses musiciens. Affronter Bach «Bach est un rêve très ancien, et une peur très ancienne. J'ai beaucoup joué Bach, cette messe en particulier, lorsque j'étais bassoniste à la Chapelle Royale. Devenu chef, je me suis éloigné de ce continent, parce que beaucoup d'autres y avaient élu domicile et que je cherchais plutôt à défricher les terres inconnues, parce que je maîtrise mal l'allemand, et parce que le côté “Dieu parle” de Bach m'intimidait. Il m'intimide toujours d'ailleurs. Bach nous parle d'en haut, on ne peut pas prendre trop de risques avec lui, il faut simplement s'en montrer digne. Aujourd'hui, je sens que je dois tenter l'ascension de cette montagne. C'est un appel, une nécessité. Si j'y parviendrai ? Justement, Dieu seul le sait. Mais ce sera l'occasion de donner cette Messe comme le manuscrit montre qu'elle a été conçue, et comme je ne l'ai jamais jouée : avec un “chœur” de solistes. Nous avons tous encore beaucoup à apprendre sur la manière donc Bach entendait sa propre musique».