Rendez-leur ce qui leur appartient

Rendez-leur ce qui leur appartient

Musique / Outrageusement hors normes, Hi-Tekk & Nikkfurie, les deux frangins de La Caution seront l'attraction principale du festival Fête Le Printemps. Portrait du duo qui a rendu sa fierté au hip-hop français. Damien Grimbert

Après des débuts dans le sillage d'Assassin, et la sortie d'un premier maxi en 1999 (Les rues électriques), La Caution se fait réellement remarquer en 2001 avec la sortie de son premier album, Asphalte hurlante. Un véritable séisme qui va poser les monstrueuses bases du duo de Noisy-le-sec (93). En premier lieu, des productions sonores léchées et ambitieuses, qui puisent leur efficacité dans de constants emprunts à l'électro, au funk, et au rock des années 80, ainsi qu'à l'univers de compositeurs de musiques de films comme John Carpenter. Tout en restant en permanence fondamentalement hip-hop. Ensuite, des textes et des flows complexes, alambiqués et déstructurés au possible, qui ne livrent leurs secrets qu'au bout de multiples écoutes, permettant ainsi de concilier prouesses techniques et maturité lyricale sans jamais virer dans le démonstratif. Enfin, une vision de la banlieue et de la zone transcendée par de solides références (contre-)culturelles, empruntant sans complexe à la science-fiction avant-gardiste de Philip K. Dick, ou à l'univers chaotique et nihiliste de Fight Club. Autant dire que le choc est violent, et l'addiction rapide. Un an plus tard, le duo récidive avec le maxi Crash-Test, hommage électronique et expérimental au Las Vegas Parano d'Hunter S. Thompson composé en collaboration avec le duo électro parisien Château Flight. Une deuxième claque suivie d'un long silence (à l'exception de leur collaboration avec TTC, L'Armée des douze), rompu à la rentrée 2005 par un double album magistral, Peines de Maures / Arc en Ciel pour daltoniens.Class 87N'ayant plus rien à prouver, le groupe pousse à son point culminant sa formule gagnante sur ce diptyque flamboyant, composé d'un premier versant plus brut, et plus politique (Peines de Maures) et d'un deuxième plus abstrait, confrontant leur hip-hop avec la pop et l'électronique (Arc en Ciel pour daltoniens). La Caution s'y fait plus intime, mais aussi plus hardcore, abordant sans complexe leur statut de «français d'origine maghrébine, musulmans vivant en France» au travers de tracks virtuoses. Musicalement, c'est une véritable explosion de sonorités et de rythmiques (funk, Bollywood, old-school, électro, pop, musiques du Maghreb, rock, new-wave...) héritées de leur adolescence, et serties dans un écrin électro hip-hop ultra-efficace par le talentueux Nikkfurie. Les tubes se suivent et ne se ressemblent jamais (impossible de les citer tous), les punchlines sont innombrables, et la sophistication extrême de l'ensemble parfaitement assumée. À des années-lumière de toute concurrence, les deux frères continuent leur chemin en 2006 : après avoir placé l'instru de Thé à la menthe dans l'avant-dernier Soderbergh (Ocean's 12) et participé à la bande-son du Sheitan (le track Bâtards de barbares !), le groupe s'est lancé dans une tournée-fleuve, dont on vous recommande sans ambages l'étape grenobloise. Car est-il besoin de le préciser, La Caution déchire aussi sur scène !Fête le Printempsjusqu'au vendredi 21 avril, à EVE ; La Caution, en concert gratuit le jeudi 20 avril (avec Les Gourmets, Flying Pooh, et La Division)Album : “Peines de Maures” / “Arc en Ciel pour daltoniens” (Kerozen Records)

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