En marge de l'affrontement fratricide entre piratage et téléchargement payant, s'est développée une flopée d'alternatives pour écouter de la musique gratuitement ET légalement. Panorama. Damien Grimbert
Premier passage obligé pour découvrir des sonorités inédites, les audioblogs. Technologiquement, difficile de faire plus basique : classés par ordre chronologique, une succession de petits paragraphes rédigé par le ou les auteur(s) du blog décrivant brièvement un morceau de musique et l'artiste à son origine. Et en dessous de chacun d'entre eux, un lien hypertexte, permettant au visiteur de télécharger par un simple clic le morceau en question sur son disque dur au format mp3. Mais c'est en termes de ligne éditoriale que les audioblogs prennent tout leur intérêt. Rédigés par des passionnés, dont les longues heures de recherche solitaires sur la toile leur ont permis d'acquérir une érudition souvent peu commune dans les styles musicaux les plus improbables (des reprises cambodgiennes de standards rock 70's au funk électronique brésilien), ils permettent en quelques clics de se tenir au courant des dernières évolutions musicales à l'échelle mondiale, quasiment en temps réel. Résultat, la création d'une communauté virtuelle hétéroclite et d'avant-garde, où se mélangent les goûts et les couleurs, et se brisent les querelles intestines entre styles musicaux. Toujours à l'écouteAllant encore plus loin, certains bloggers proposent carrément sur leur site des sélections de morceaux (mixées ou non, et de durée variable), disponibles à échéance régulière. C'est là qu'intervient la technologie du podcasting, ou baladodiffusion, qui permet, après s'être abonné gratuitement sur le site, de voir téléchargé automatiquement et régulièrement sur son baladeur mp3, les dernières sélections proposées par les auteurs. Autre phénomène à prendre en compte, les pages Myspace (www.myspace.com), qui permettent à tout un chacun d'éditer un profil le présentant brièvement, de mettre sa musique en ligne (en écoute ou en téléchargement), et de rejoindre ainsi une communauté en pleine expansion. À la clef, échanges d'opinions, de contacts, et promotion gratuite de ses créations, autant de facteurs qui vont éventuellement faciliter l'émergence d'acteurs musicaux en devenir... Il serait en effet fort dommageable de sous-estimer le phénomène d'émulation collective créé par ces micro-communautés, qui commencent à influer de manière non négligeable sur le marché de l'industrie du disque. Et hissent à l'occasion au sommet des charts quelques artistes échappant au formatage des majors, faisant ainsi la nique à leurs colossales campagnes promotionnelles. Loin des utopies bavardes et grandiloquentes de la grande époque du cyberspace, une petite révolution est donc en marche, associant pragmatisme et nouvelles technologies pour promouvoir une alternative musicale pointue et passionnée aux rouleaux compresseurs de l'industrie. Gratuite, simple d'utilisation (seule un peu de curiosité est nécessaire), et favorable aux artistes, il ne tient qu'à vous d'y participer.