Petite sélection éhontément subjective des spectacles de danse attendus cette saison.
› Des mots... et des gestesDernière création en date de la compagnie Malka (dont on avait beaucoup apprécié la coproduction franco-brésilienne Malandragem ce printemps), Des Mots trouve son origine dans les échanges générés au cours des ateliers menés par Landrille “Bouba” Tchouda auprès de jeunes danseurs hip-hop. Depuis de nombreuses années déjà, le chorégraphe tente d'explorer les possibilités de langage de la danse hip-hop, en la confrontant notamment à la capoeira ou à la danse contemporaine, et de dépasser ses simples aspects techniques et esthétiques pour transmettre une réelle réflexion. Il semble ici vouloir pousser encore plus loin la démarche, mais gageons qu'il le fera avec style, ce même style qui rend justement ses créations accessibles au plus grand nombre, sans renoncer pour autant à l'exigence.Des Motsles 6 et 7 octobre à la Rampe, et le 12 décembre au Grand Angle› Prison verticaleD'entrée de jeu, la note d'intention aguiche : «enfermés dans une haute cage de métal, danseurs et circassiens égrènent le temps au rythme de la vie carcérale avec son lot de domination, tendresse, aliénation, ambiguïté sexuelle, solidarité, régression, tentative d'évasion...». Si l'on ajoute à cela que l'ensemble de la chorégraphie de Parallèle 26 se déroule dans les airs (sur les 26 perches verticales qui donnent son titre à la création), et qu'elle est issue d'un projet commun entre la compagnie Archaos (une des les premières en France à explorer les possibilités artistiques du nouveau cirque), et la chorégraphe Sylvie Guillermin (dont une bonne partie du travail repose sur l'usage de la verticalité dans la danse contemporaine), on aura vite compris que Parallèle 26 s'annonce comme l'une des créations les plus alléchantes de la saison.Parallèle 26le 16 février au Grand Angle, et le 20 avril à la Rampe› Le grand écart ?Après Anne Teresa de Keersmaeker la saison passée, c'est au tour de la danseuse / chorégraphe Mathilde Monnier de venir s'installer une petite semaine dans les murs de notre Maison de la Culture, en avril prochain. D'ici là, les échos turbulents du dernier Festival d'Avignon devrait s'être légèrement estompés ; on ira tout de même vérifier si Frère et Sœur, sa dernière création, mérite ou non l'opprobre que le public avignonnais lui a violemment asséné. On demeure intéressé par la curiosité de la chorégraphe (des ambiances sonores allant de PJ Harvey à ErikM), et relativement circonspect au seul énoncé de ses récentes expérimentations présentées en Avignon (signalons aux plus sensibles qu'on ne retrouvera pas ses chorégraphies autour d'une conférence du philosophe Jean-Luc Nancy ou - horreur ! - sur une lecture d'un texte de Christine Angot). La MC2 assume une nouvelle fois le risque de creuser l'écart entre ses publics...Mathilde Monnierdu 4 au 8 avril à la MC2› La Passion Création du chorégraphe d'origine hollandaise Herman Diephuis (qui a fait ses premières armes chez Philippe Découflé, François Verret ou Mathilde Monnier), D'après J.-C. propose une relecture très picturale des relations entre la Vierge Marie et Jésus, reproduisant leurs plus célèbres représentations peintes à travers les siècles en une série de tableaux vivants, rythmés par la musique de Jean-Sébastien Bach. Que les réfractaires se rassurent : aucune bondieuserie complaisante à l'horizon, la création de Diephuis en appelle autant à la singulière émotion se dégageant de son couple de danseurs qu'à l'érudition picturale qui émane de l'ensemble. Ne figeant ses corps qu'en de très brefs instants, il préfère les enfermer dans une répétitivité toujours prête à basculer vers l'inattendu. D'après J.-C. surprend, prend agréablement à rebrousse-poils le spectateur. Signe qui ne trompe pas : la participation finale du public, astuce a fortiori bien éculée, trouve ici une résonance des plus pertinentes. D'après J.-C.les 13 et 14 décembre à l'Hexagone›Try to rememberDébut en fanfare pour cette saison du Théâtre de Grenoble Reloaded, avec l'accueil le 30 septembre et le 1er octobre de Souviens-toi, dernière création de la célébrissime Marie-Claude Pietragalla. L'une des plus fameuses anciennes danseuses étoiles de l'Opéra National de Paris, au parcours aussi respectable qu'éclectique (récemment, sa pièce titanesque Sakountala autour de Camille Claudel, la création Enzo pour le chanteur Christophe, ou encore sa participation au film Quand je vois le soleil de Jacques Cortal). Un an après son départ assez controversé du Ballet National de Marseille et la création dans la foulée de sa compagnie indépendante, la chorégraphe présentera, en duo avec son compagnon Julien Derouault, un kaléidoscope d'instantanés nostalgiques, des saynètes émaillées de vieilles photographies et de vieux films issus de l'enfance des interprètes. Souviens-toiles 30 septembre et 1er octobre au Théâtre de Grenoble