INTERVIEW / Rencontre avec Pierre Saccoman, fondateur masqué de l'ADAEP (on le reconnaît mal, mais a priori c'est bien lui sur la photo), et initiateur de ces premières Rencontres Théâtrales. Propos recueillis par FC
Comment s'est présentée l'idée de ce festival ?Pierre Saccoman :On est souvent invités dans des festivals d'été, du fait de notre positionnement sur le théâtre jeune public on est fréquemment amenés à voir des choses qui nous plaisent. L'été dernier on a fait la rencontre de la compagnie Pile ou Versa, qui occupaient le terrain dans ses caravanes à Pont-des-Fossés. On a vu sur place pas mal de leurs spectacles, et plus tard, autour de plusieurs bières, on critique, on discute avec eux et ils nous font part de leur envie de jouer à Grenoble. Je me suis rendu compte de mon côté qu'il y allait avoir un vide en théâtre en juin, du fait de l'absence des Rencontres de Théâtre Européen, même si le Jeune Théâtre continue pour quelques jours seulement ; j'ai donc lancé un appel pour savoir qui était prêt et comment on allait procéder. Vous aviez déjà quelques lignes directrices ?L'idée était d'accueillir des compagnies itinérantes, ça aurait même pû être la thématique du festival, on attend de voir cette année et on pérennisera éventuellement cet aspect l'an prochain. Le principe était également de programmer des équipes proposant des spectacles extrêmement variés, qui jouent sur plusieurs niveaux en utilisant différentes techniques : marionnettes, musique, chant, jonglage, théâtre, danse... On avait vraiment cette envie de jouer sur le mélange systématique des disciplines. Comment ce nouveau projet s'inscrit-il dans la situation présente de l'ADAEP, dont le spectre de la précarité revient sans cesse ?La situation pécuniaire de l'ADAEP s'aggrave d'année en année, et ce tant qu'on n'aura pas établi une convention avec les collectivités locales, tant qu'on ne les aura pas intéressé sur un projet viable. En terme de fonctionnement, nos subventions sont loin de suffire. On avait commencé à gueuler en début d'année, mais on s'est dit qu'on n'allait pas demander de l'argent par charité, mais bien parce qu'on a projet concret derrière. Ce projet, on l'a orienté sur quatre points : le théâtre de proximité, l'accès à la culture pour tous, la transversalité des disciplines, et avant tout le fait que nous nous considérons comme un lieu alternatif. On veut montrer qu'il y a une autre culture possible en dehors des circuits institutionnels, qui s'adresse à un public qui est en pleine extension.