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INTERVIEW / Rencontre avec Gérard M, briscard des scènes indépendantes les plus radicales, fondateur et homme à quasiment tout faire de Discordian Records. Propos recueillis par FC

Peux-tu nous décrire dans les grandes lignes ton bagage musical ?Gérard M : J'ai découvert la musique au début des années 70, en grande partie avec la scène rock progressive allemande, Tangerine Dream, Kraftwerk, et en même temps des univers comme la scène glam ; j'étais toujours en quête de sonorités nouvelles. Mais ce qui m'a vraiment fait vibrer, qui m'a poussé à franchir le cap et devenir acteur à part entière, c'est l'explosion du punk. En 1976-77, j'avais exactement l'âge qu'il fallait et je me suis plongé à fond dedans. Ce qui m'intéressait c'était plutôt les deuxièmes, voire troisièmes couteaux, pas vraiment les Clash ou les Sex Pistols mais plus les Buzzcocks, Rapt, Menace... Ce sont des choix très subjectifs et très précis, en partie fondés sur l'énergie, et qui m'ont fait suivre l'évolution de ce qui est devenu aux Etats-Unis à partir de 1981 la scène hardcore à proprement parler. Je suis resté très ouvert, notamment à des choses qui n'étaient pas trop avouables à l'époque comme la disco allemande, les œuvres de Giorgio Moroder, j'aimais bien le second degré de la new-beat... Pour virer sur la scène indus, électro et EBM dès 1985-86. Le fil rouge reste le punk hardcore américain. Qu'est-ce qui a lancé l'aventure Discordian ?Il y avait déjà l'envie pressante de remonter un label, je m'étais tout de même bien éclaté avec cette aventure dans les années 80. Avant que Discordian ne se crée, on avait dans l'idée avec Marc Hurtado d'Etant Donnés de récupérer les droits de leurs derniers albums, Re-up et Offenbarung und Untergang pour les rééditer, parce que je jugeais qu'ils n'avaient pas bénéficié d'une distribution à la hauteur de leurs qualités, surtout à l'export. Et dans le même temps, Marc m'a fait rencontré Marie Möör, qui était sur son nouveau projet Rose et Noire et qui cherchait un label. Quelle serait la ligne conductrice du label ?Il était assez clair dès le départ que le projet tournerait autour de la musique électronique, du fait de mes années passées à en écouter, mais sans être limitant non plus. Si on prend Noise Surgery, c'est du bon noise hardcore des familles, et ça jette une passerelle avec mes préoccupations sonores passées. Je fonctionne au coup de cœur, il faut que ça me fasse vibrer, y compris au niveau de l'artiste lui-même. Je peux rencontrer des personnalités dont les créations vont me mettre sur le cul, mais qui ne seront que des coquilles vides. Le but est de pouvoir vibrer sur des musiques et en même temps d'avoir un véritable échange avec les artistes. On essaie de créer des liens entre les formations du label, d'agencer des collaborations entre eux.

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