London dreaming

London dreaming

Musique / Responsable d'un des disques les plus bluffant de la rentrée dernière, Flotation Toy Warning vient promener sa pop onirique et insaisissable par chez nous. Échange foisonnant avec Paul Carter, chanteur, bidouilleur de sons et authentique gentleman.Propos recueillis par Emmanuel Alarco

Comment est né le groupe ?Paul Carter : Nous étions tous amis avant de faire de la musique ensemble. Personnellement j'ai commencé très tard, vers 25 ans, du coup j'ai dû apprendre très vite. Développer notre son a nécessité pas mal de temps, le résultat est notre premier album, mais on a enregistré assez de chansons pour 3 ou 4 disques, on a juste gardé celles qu'on aimait le plus. Le gros du travail a été fait dans un grand entrepôt, une usine désaffectée qu'on a utilisée pour écrire, répéter... Il y règne une très belle atmosphère, qui donne un sentiment d'isolement plutôt bénéfique pour se concentrer sur la musique.On a du mal à vous imaginer composer de façon "traditionnelle"...Dans pas mal de groupes, quelqu'un joue de la batterie, un autre de la guitare, un autre de la basse... Sur chaque chanson, tout le monde veut avoir quelque chose à faire. Pour nous c'est différent, on écrit le morceau et ensuite on voit s'il sera possible de le jouer live. Sur certains, on a essayé, mais il y a tellement de choses qui se passent, si bien qu'il est impossible pour 5 personnes de le faire sonner. La plupart du temps la musique naît avec Ben et moi qui passons beaucoup de temps à expérimenter avec des samplers, en nous amusant à enregistrer tout et n'importe quoi pour entendre les sons que ça peut donner, jusqu'à ce que quelque chose d'intéressant arrive. Parfois ça prend 1 minute, parfois des semaines !Comment a été accueilli l'album en Grande-Bretagne ?C'est étrange, quand il est sorti, il y a eu une ou deux critiques dans la presse nationale qui disaient de très bonnes choses, mais la plupart des magazines ne l'ont même pas chroniqué, pas mal de gens n'ont même pas eu l'occasion de l'écouter. Je ne sais pas pourquoi... Heureusement quelques personnes nous ont vraiment soutenus comme les gens de Rough Trade ou quelques radios sur lesquelles on a fait des sessions, mais on est tellement sous-exposé, c'est presque comme si on n'existait pas ! En France, c'est formidable, on a eu tellement de bonnes critiques et notre dernière tournée est un souvenir fantastique. En Allemagne et en Autriche, ça commence aussi, mais bon attendons, le disque sort bientôt en Amérique...Pourquoi cette histoire fantasmagorique en guise de bio officielle ?Peut-être est-ce la vérité ? Vous ne pouvez rien prouver ! Je pense que les histoires que racontent la plupart des groupes ne sont pas entièrement vraies, les gens essaient d'arranger pour rendre les choses plus intéressantes, plus atypiques. On s'est dit : quitte à créer un mythe, autant raconter l'histoire la plus fantastique qu'on ait jamais entendue. Et vous avez préféré les expéditions polaires à la cocaïne !(Rires) C'est étrange car j'ai lu plusieurs papiers suggérant qu'on prenait beaucoup de drogue pour faire notre musique, mais si vous êtes quelqu'un qui a des idées très ennuyeuses, vous pouvez prendre autant de drogues que vous voudrez, vous aurez toujours des idées ennuyeuses. Aimer notre musique a plus à voir avec le fait d'avoir une bonne imagination qu'avec le fait de prendre plein de drogues, ce n'est pas nécessaire !D'où vient l'univers visuel du groupe ?Les rêves, certains films de la fin des 60's, leur texture, leurs couleurs irréelles, magiques... J'ai aussi collecté pas mal de livres de vieilles photos d'explorateurs et de machines étranges. Pour l'album, on s'est beaucoup inspiré des encyclopédies des années 50, 60 avec des photos, mais surtout beaucoup de dessins et de peintures du monde, des animaux, de l'espace... Elles ont vraiment un truc, surtout celles pour les enfants : elles essaient de présenter le monde comme la chose la plus magnifique et excitante qui soit, elles ont un point de vue très optimiste pour suggérer aux enfants quel merveilleux futur les attend et quel monde surprenant ils vont pouvoir explorer. J'aime beaucoup cet optimisme vis-à-vis de l'avenir qui vient... du passé ! C'est très nostalgique. Aujourd'hui tout est plus immédiat, la télévision a remplacé ces photos mythiques de terres lointaines à découvrir, tout est dans votre salon, peut-être le monde réel est-il devenu plus brutal.Alors vous vous réfugiez dans l'imaginaire...Je suis né dans une petite ville du Nord de l'Angleterre, pour pas mal de gens, il ne fallait pas espérer grand-chose, à part trouver un boulot dans un bureau. J'en étais très triste, mais je suppose que ça a développé mon imaginaire. Quand le monde est tellement ennuyeux autour de vous, vous avez intérêt à faire travailler votre imagination ! En vieillissant je me suis rendu compte qu'il y avait des tas d'autres choses excitantes dans le monde. C'est ce que raconte Happy 13 : aucune importance d'où vous partez dans la vie, vous pouvez trouver ce que vous voulez. Pour moi, c'était faire de la musique avec des amis et la jouer devant des gens. Jusqu'à l'âge de 25 ans, je ne pensais même pas que c'était possible ! Et puis j'ai réalisé qu'il fallait faire les choses, que personne n'allait choisir à ma place. Il faut juste prendre une grande respiration et se jeter dans le vide.Flotation Toy Warningle 3 mai à EVE dès 20h30Album : "Buffler's guide to the flight deck" (Talitres)

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