Zoom / 1999. Après un premier EP déjà assez peu suave (Juste Fais là), un groupe de trois énergumènes venus de nulle part (enfin, de Paris) traumatise le monde déjà aseptisé du hip-hop français. Il s'en est fallu d'un seul morceau assez définitif, Réveille le punk, pour que la machine s'enclenche une bonne fois pour toutes. Les sales gosses de tout bord ovationnent ce chant de ralliement, témoignant des influences multiples de la formation ; un monde idyllique où les Ludwig von 88 embrasseraient les Béruriers Noirs avec la langue sur fond de Beastie Boys. Sur des bases hip-hop massives, le flow mal élevé de Gérard Baste tutoie une écriture irrésistible, où l'humour de comptoir et les rimes admirablement faciles s'enchaînent avec une aisance qui force le respect. Fort du succès de leur hymne désormais immortel, les Svinkels écument rapidement les routes et se batissent une solide réputation scénique, apte à transcender une musique vraisemblablement enfantée par des excès de 8-6 et de cigarettes cylindro-coniques. L'euphorie s'estompera lorsque Delabel, cherchant la première occasion pour se débarasser du trio, leur montrera ostensiblement la porte de sortie à l'écoute de leurs nouvelles compos ; et ce malgré l'arrivée dans leur rang du prestigieux DJ Pone (encore auréolé de ses titres de champion de France et d'Europe) il y a maintenant trois ans. Ce dernier apportera sa touche précieuse et ses scratchs imparables sur bon nombre de prods de Bons pour l'asile, dernier opus du groupe (réfugié pour l'occasion sur le label Atmosphériques). Un album qui confirme la sympathie ressentie pour ces bad boys du dimanche, entre kitscherie assumée (Le svink c'est chic), engagement rigolard (L'internazionale) ou même mise en abyme dérisoire à la Edouard Baer (Ça n'sert à rien). On préfèrera tout de même leur récente compilation Dj Pone réveille le Svink, greatest hits excellemment mixé et gorgé de featurings jouissifs. FCLes Svinkelsle 28 avrilAlbum : "Dj Pone réveille le Svink" (Atmosphériques)
