Honni soit qui Mali pense

Honni soit qui Mali pense
Zoom / La musique malienne en général (Tinariwen ou Salif Keita pour ne citer que les plus connus) et féminine en particulier a actuellement le vent en poupe, bien au-delà de ses frontières, la "faute" à un savoureux mélange de mélodies délicates et de sonorités épurées. Une musique aux origines et échos divers (transe, chant griot et son phrasé chanté-parlé, chant Wassoulu et ses volutes douces-amères ou chant Djelimousso), mais toujours sublimée par des voix réellement envoûtantes et perpétuée selon le mode de la transmission orale ancestrale. Aujourd'hui aux portes du panthéon mythique des divas Hawa Dramé, Fanta Demba "la jeune" ou Ami Koita, la plus célèbre des voix maliennes s'appelle Nahawa Doumbia. Bien qu'elle n'appartienne pas à la caste des griots éduqués pour chanter en apprenant les chants traditionnels dès leur plus jeune âge, elle se lance dans la chanson dès les années 70, installée à Bougouni, chef-lieu du Wassoulou, bourgade paumée à quelques 150 km au sud de Bamako où elle vit (toujours) depuis son enfance. A l'instar de sa cadette Rokia Traoré, elle puise son inspiration dans sa propre expérience de la vie, composant et écrivant toutes ses chansons. Seule différence (mais de taille) : alors que l'une compose d'admirables hymnes à la vie, les morceaux de Nahawa Doumbia sont tous hantés par un événement qui marqua la jeune femme à jamais : le décès de sa mère à sa naissance, une mère qu'elle n'a jamais vu, même en photo. Un traumatisme à la fois pierre angulaire et moteur de textes qui suivent le cours mélancolique des cordes des instruments traditionnels. Véritable star dans son pays, le parcours atypique de Nahawa Doumbia, au-delà de faire école, fait par ailleurs écho à la lutte menée par toute une génération dans un pays traditionaliste qui nie à la femme toute initiative (elle ne saurait ainsi qu'être interprète du chant des hommes et pas compositrice). De ce côté-ci de la Méditerranée, beaucoup s'attachent les services de ces chanteuses d'exception. Ainsi, l'album Frederic Galliano and The African Divas sorti en 2002 chez Fcom est né du désir du drômois de concilier musique électronique et musique afro-jazz (une démarche à rapprocher de celle de Damon Albarn, qui embarqua jadis guitare et instruments jusqu'à Bamako). Une rencontre avec des divas sénégalaises et maliennes qui connaît un beau succès, et qui prend véritablement toute son ampleur en live, le groupe écumant les scènes européennes.HG

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