Musique / Le quatuor rennais de Shane Cough est de retour, et il n'est bien évidemment pas content. Certains s'étaient pris leur premier album (Delight in Disorder) en pleine tronche, quitte à propulser la formation au panthéon des espoirs d'un véritable métal hurlant hexagonal. D'autant que le miracle se prolongeait en live : Marianne, chanteuse échappée d'un peep-show SM, envoûtait les auditeurs noyés dans un tourbillon de guitares sursaturées, tandis que l'espace scénique se transformait peu à peu en réminiscence de cauchemars made in David Lynch ou Dario Argento (les deux références désormais incontournables pour tout groupe aux prétentions "atmosphériques", et-ou appréciant les éclairages rouges et bleus). Pour le coup, Delight in Disorder évoquait bel et bien la fusion entre les compositeurs attitrés des deux cinéastes, des ambiances équivoques à la Badalamenti au fat rock qui tâche des Goblins. Au bout de deux ans de macération nous arrive donc ce nouvel album, Intraveineuse, enregistré à Stockholm par le producteur suédois Adam Kivman, qui soigne à la perfection la cohérence de ces treize plages furieuses. Le CD revendique clairement ses affinités sonores, les couches de guitares sur des beats déments font du pied aux envolées colériques de Nine Inch Nails (sur Don't look back en particulier), Marianne semble se prendre de plus en plus pour une Hanin Elias d'Atari Teenage Riot mâtinée de Skin... S'il fait montre d'une saine énergie destructrice, le combo auto-proclamé électro-punk s'égare à l'occasion dans des territoires qu'on qualifiera de calibrés pour être polis (Killing Mood, Suffocate me), où le caractère très carré de la production en montrerait presque ses limites. Le rendu scénique devrait néanmoins embraser l'atmosphère feutrée du Ciel.FCShane Coughau Ciel le 25 mars à 20h30Album : "Intraveineuse" (Enrage - Night and day)
