Interview / Pour en savoir encore plus, on s'est confectionné un double entretien avec Arash Sarkeshik et Julien ENCENAT, respectivement chanteur-flutiste et saxophoniste de Shaâdy.Propos recueillis par François Cau
Comment définiriez-vous l'identité musicale de Shaâdy aujourd'hui ?Arash Sarkeshik : Franchement pour moi c'est jazz, en ce sens qu'on ne se donne aucune limite. On a équilibré les méthodes de travail, on fonctionne désormais beaucoup plus sur l'impro collective, on part d'un riff, on joue dessus, on le triture dans tous les sens. Ce serait du jazz dans ce sens-là, pas tant dans le résultat que dans la démarche, la recherche de climats, de couleurs. Julien Encenat : Et on a désormais une volonté d'être plus pertinent dans les textes ; sans pour autant cracher sur ceux de Tribulations, c'étaient des textes axés vers une poésie éloignée de la réalité. On vise à se recentrer vers des propos plus assumés.Depuis la sortie de Tribulations, vous avez pris le parti de livrer des spectacles à part entière, plus que des lives...Arash Sarkeshik : On travaille autour d'un habillage, des trucs un peu spéciaux qui sortent du répertoire de Shaâdy pour mettre la musique en scène. On s'est canalisés, il y a eu de nombreuses fois où on n'avait pas envie de se prendre au sérieux, comme si n'assumait pas ce qu'on faisait. On a compris qu'à partir du moment où on est en accord avec ce qu'on fait, rien ne peut nous déstabiliser ; ça nous a aidé à définir une trame, une histoire qu'on était les seuls à connaître et qu'on suivait pendant le live. Aujourd'hui, on a intégré cette cohérence. Et à partir des concerts de la Faïencerie, on a eu l'envie d'envelopper les gens dans notre ambiance avec d'autres outils, partir du principe que lorsqu'on entre dans la salle, le concert a déjà commencé même si la musique n'est pas présente tout de suite. Comment se profile le nouvel album ?Julien Encenat : Le but maintenant c'est d'arriver à dégager sur disque ce qu'il se passe sur scène. Au début c'était ultra écrit, on jouait les albums et point, ça devenait difficile d'entraîner le public. Maintenant qu'on est moins prisonniers des structures, il faudrait qu'on soit aussi détendus en studio que sur scène. Pour l'instant, le studio, c'est l'examen de passage du groupe. Pour sortir de ce côté scolaire, on enregistre régulièrements des sessions où on garde des petits bouts, telle partie de guitare, de clavier, de cuivres, avant de les remélanger dans l'ordi. L'idéal étant que le prochain disque soit prêt en octobre avec les pistes amassées, qu'on arrive à se débrouiller avec ces bouts de ficelle, tout en devenant autonomes.