A la croisée des mondes

A la croisée des mondes

Danse / Ostinato est la rencontre fusionnelle de deux univers se lovant miraculeusement le temps d'une "partition pour danseuse seule", l'union rêvée entre la sophistication de la chorégraphe Francesca Lattuada et la grâce incroyable de la danseuse Rita Quaglia.FC

Débarquée de ses études d'art plastiques à Milan, Francesca Lattuada découvre la danse avec un spectacle de la chorégraphe américano-française Carolyn Carlson. Elle s'installe à Paris et fonde sa compagnie La Festina Lente ("la hâte lente") en 1990. Explorant sur scène une approche corporelle en lien avec la musique, les langages comme les gestuelles ancrées dans les coutumes du monde entier, ses velléités rémanentes de plasticienne s'expriment par des scénographies foisonnantes, les jeux de lumière complexes et fluides entrant en harmonie avec les mouvements des interprètes comme des accessoires les plus farfelus. Dans son précédent spectacle, La donna è mobile, la chorégraphe seule en scène explorait les chants traditionnels italiens, tziganes, mongols, ou même béarnais, évoluant dans un décor en perpétuel mouvement via des poses empruntant autant au bunraku japonais qu'à la transe vaudoue. Pour Ostinato, Francesca Lattuada retourne volontairement à l'épure purement dansée, la scène n'accueillant "que" la performance de son interprète unique dans différents jeux de lumière. En dépit de ce virage brutal à 90°, le spectateur n'est vraiment pas lésé...L'harmonie pour résister au chaos«Je cherche une danse qui ne parle pas des événements de société, une danse abstraite, proche dans sa forme de l'art des fous, des enfants, des primitifs. Une danse d'harmonie pour résister au chaos». La note d'intention de la chorégraphe, au début de la création, reflète assez justement le résultat final, un solo (bien que Lattuada, trouvant le terme réducteur, emploie l'expression "partition pour danseuse seule") en quatre tableaux successifs exécuté par la stupéfiante Rita Quaglia. De la danse tribale d'ouverture à son hallucinant passage sur pointes, l'interprète, nourrie à la danse classique comme aux répertoires contemporains, élève l'abstraction manifeste de la pièce vers des hauteurs hypnotiques. Agitant sa beauté androgyne et longiligne de soubresauts de plus en plus maitrisés, jouant des superbes robes Pleats Please signées du styliste japonais Issey Miyake avec une aisance quasi provocatrice, Rita Quaglia donne une chair vibrante aux explorations de la chorégraphe. Les différentes parties s'emboîtent avec une évidence imparable, sur une bande-son judicieusement hétéroclite d'Armand Amar, base rythmique entêtante des quatre tableaux. Cette somme de talents donne un spectacle prenant savamment par surprise, démarrant sur des saccades et des boucles infinies pour mieux exploser de maestria chorégraphique dans un dénouement arrivant pour le coup beaucoup trop vite... Ostinato par Rita QuagliaChorégraphie de Francesca Lattuadaà la Rampe d'Echirollesle 8 février à 20h

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