Quelques pistes pour occuper judicieusement vos soirées des prochains mois, avec au choix de la danse, du théâtre allemand sous influence, voire même un opéra pour marionnettes.
• «Un trip de LSD»Metteur en scène violemment revêche à une quelconque autorité comme aux moindres formatages, alternative culturelle allemande à lui tout seul, Frank Castorf viendra pour trois représentations de sa version hautement personnelle du Maître et Marguerite, roman complètement psychotronique de Mikhaïl Boulgakov (dont vous pourrez voir une adaptation du tout aussi bon Récits d'une jeune médecin, par la compagnie La Simiandre au Théâtre de Poche en mars). Incroyable kaléidoscope d'histoires se recoupant on ne sait trop comment, le roman s'avère a priori inadaptable. Mais c'est mal connaître le metteur en scène allemand et sa fameuse maestria scénique, mélangeant décors foutraques, projections vidéos avec images d'archives, gros plans agressifs ou surimpression, interprétation exemplaire, le tout dans un rythme échevelé. Il fallait au moins la folie de Castorf pour porter sur les planches cet enchevêtrement d'intrigues infiniment complexes où Ponce Pilate croise Jesus, le Diable ou l'auteur lui-même. «Je crois que ce texte fonctionne comme un trip de LSD, Boulgakov était d'ailleurs dépendant de la morphine, ça se sent dans son écriture». Nous par contre, on n'arrive toujours pas à savoir à quoi carbure Castorf...Du 11 au 13 mars au Grand Théâtre de la MC2:• Profusion de stylesAmbitieux projet transgenre mis en œuvre par les réputés Ballets C. de la B. (Belgique), et chorégraphié par Koën Augustijnen, Bâche s'articule autour de la place de la peur dans nos sociétés contemporaines en particulier, et dans l'inconscient collectif en général. Mais au delà du fond, c'est avant tout dans la forme que la pièce innove, qu'il s'agisse de la musique (différentes œuvres de Purcell, interprétées sur scène par un musicien et le chanteur haute-contre Steve Dugardin seront intégrées dans un paysage sonore contemporain conçu par Guy Van Nueten) de la chorégraphie (quatre danseurs, pour un clash étonnamment harmonieux entre danse contemporaine, ballet, breakdance, contact-improvisation, acrobaties de cirque, et théâtre dansé...), ou de leur confrontation.Le 22 mars à la Rampe• Favelas on blast“Malandragem” signifie “être espiègle, malin, intelligent, et créatif”, mais dans le vocabulaire du “Brésil d'en haut”, ça signifiait plutôt “être vagabond, ne servir à rien, ou n'avoir aucune valeur”... Sur cet intitulé accrocheur, le chorégraphe Bouba Landrille Tchouda, qui fut l'un des premiers à Grenoble à intégrer des éléments de capoeïra dans la danse hip-hop, a bâti une pièce exploitant divers événements de la «grande et la petite histoire» du Brésil contemporain. Pour l'occasion, il a collaboré avec plusieurs danseurs brésiliens (qui avaient déjà participé au spectacle Quilombo de la compagnie Accrorap) avec lesquels il a travaillé sur place, dans la ville de Sao Luis. On les retrouvera sur scène aux cotés de danseurs français lors des représentations à La Rampe d'Echirolles et au Grand Angle de Voiron, prévues début mai. Un bon début pour l'Année du Brésil 2005...Ales 3 et 4 mai à la Rampe, le 10 mai au Grand Angle• Dramaturgie des BalkansAprès l'Algérie, et L'Irlande lors des éditions 2003 et 2004, c'est cette année aux Pays des Balkans que sera consacré le festival de théâtre contemporain Regards Croisés. Organisé par le collectif Troisième Bureau, ce festival s'est fixé pour objectif de défricher le théâtre contemporain aux travers d'approches diverses, mais complémentaires (rencontres, lectures et représentations), de manière à le faire partager à un public aussi large que possible. Cette année encore, on pourra donc partir à la découverte d'auteurs serbes, croates, bosniaques, et albanais, connus ou non, mais avec en commun la volonté de traiter de façon engagée et non consensuelle des sujets forts. Un angle qui est en passe de devenir la marque de fabrique du collectif, aux côtés de l'acuité de la sélection effectuée.Adu 20 au 29 mai au Théâtre Le Rio