Documentaire / Si le traumatisme de la guerre du Vietnam a été exorcisé collectivement par les Américains dans les décennies qui suivirent, l'État Français a préféré garder caché celui provoqué par la guerre d'Algérie comme un secret honteux. Pour autant, le sujet a néanmoins engendré une documentation non négligeable, et facilement accessible pour peu que l'on s'en donne les moyens. Projeté ce samedi après-midi, à la Cinémathèque de Grenoble à l'initiative de l'association Alliance France-Méditerranée (dans le cadre de la Semaine de la Solidarité Internationale), le documentaire de Karim Kadri, Des “Evènements” à la guerre d'Algérie, apporte sa modeste contribution. Modeste par son budget, mais également par son ambition. Il ne s'agit pas ici d'apporter un regard nouveau sur les “Évènements”, ni d'en faire un résumé synthétique à l'image des néophytes, mais plutôt de recueillir les témoignages de ceux l'ayant vécu de l'intérieur, Isérois comme Algériens. Si un certain nombre d'anecdotes ou de réflexions dévoilées apportent un éclairage particulièrement judicieux sur la situation à l'époque et son ressenti par les uns et les autres, force est de reconnaître qu'on reste un chouia sur sa faim à la fin des 52 minutes. Mais l'intérêt n'est-il pas à chercher ailleurs ? Aussi béante soit restée la plaie dans le cœur des protagonistes, on sent chez l'intégralité d'entre eux un besoin incoercible de témoigner, de dire ce qu'ils ont vécu, et comment ils l'ont vaincu. Preuve que le silence de plomb qui pèse encore sur une des périodes les plus noires de l'histoire française contemporaine n'est peut-être pas si collectif qu'on aimerait bien le laisser penser. Damien GrimbertDes “Evènements“ à la guerre d'Algérie, sam 24 nov à 14h30, salle Juliet Berto
