À l'âge de trois ans, son oncle lui demande de reproduire les mouvements de ses doigts sur le piano familial, et le jeune Frederick Russell Jones (il deviendra Ahmad Jamal après sa conversion à l'Islam) chope le virus. Les éléments vont se déchaîner pour contribuer à son irrésistible propagation : sa professeur poussera l'émulation musicale jusqu'au bout, il tourne à l'âge de 21 ans avec le George Hudson's Orchestra, puis avec les Four Strings.
Lorsque cette dernière formation se sépare faute de trouver des dates, Ahmad Jamal crée les Three Strings avec le monstrueux bassiste Israel Crosby et le guitariste Red Crawford, vite remplacé par le batteur Vernel Fournier. Avec ces deux formations, il enregistre ses deux premiers albums, monuments de taille dans le patrimoine jazz mondial. Ahmad's Blues et But not for me contiennent la quintessence de l'art mélodique et de la science de la composition de l'artiste. Une technique hallucinante s'autorisant moult improvisations, des rendus sonores à la légèreté entraînante alternés avec des crescendos puissants, bref, un vaste spectre d'émotions musicales exécutées avec évidence.
Quand Ahmad Jamal se fait plus mutin, il ne se laisse pas aller pour autant, mais s'impose toujours une exigence extrême dans la moindre de ses interprétations. Si la seule écoute d'un CD ne suffit pas à vous faire déplacer, revoyez donc Sur la route de Madison où le grand Clint Eastwood, en grand érudit de la cause jazz, a casé les aériens Music, Music, Music et Poincana sur sa bande-son. FCAhmad Jamal. Sam 29 mars à 21h, à la MC2