Si vous êtes de ceux qui pensent aujourd'hui que la guitare acoustique dans les groupes de pop a déjà les deux pieds dans la tombe, rassurez-vous en venant écouter Six Organs Of Admittance ce mercredi à EVE, tout en (re)découvrant le plus déjanté des groupes d'Après-Rock français, l'injustement nommé Rien.Patrice Coeytaux
Signé sur le label US historique Drag City, qui a hébergé des monstres Indés comme Pavement et Palace, cet album croise le libre jeu des musiques orientales avec les structures bien cadrées de la pop.
Les 8 titres, construits autour d'une cohorte de couches de guitare, sont douillets, sereins, mais pas pour autant mous. Au contraire, à l'instar des solis de guitare, poussés parfois jusqu'à la limite du bon goût (comme le « tapping » final de Alone with the alone digne d'un groupe de Heavy 90). Les mélodies, suaves et dissonantes à la fois, sont épaissies à l'aide de nappes bruitistes et renforcent le côté délié des récits auditifs. La voix, présente sur la plupart des titres, est généralement éthérée, telle un souffle, et laisse une grande place à l'instrumental, pour l'essentiel la guitare qui prédomine largement au point d'en oublier l'existence des autres instruments. Avant l'entrée en studio, Chasny préfère ne pas trop finaliser ses chansons afin d'avoir plus de liberté au moment des séances d'enregistrement. Enregistrement qui pourrait être qualifié de sale, mais qui en fait souligne tout l'univers de SOOA. De retour
On ne les présente plus, les 5 autistes de Rien nous ont déjà gratifié de deux superbes albums de d'Après-Rock-Prog-Classico-Expé (un peu rude je l'accorde) l'inoubliable Requiem pour des baroqueux et le tout récent Il ne peut y avoir de prédictions sans avenir.
Après deux tournées consécutives depuis septembre 2007, dont le fameux Guy Moquet Tour qui les mena jusqu'en Espagne sur les pas des pèlerins de Compostelle, Rien boucle son année à domicile, armé du bouleversant chevelu Coco Fruit, et toujours mené de front par les deux barbus Guitar Hero Dos.3 et Yugo Solo.
Pour vous faire une idée, la musique de Rien, c'est comme un Concerto pour Rotule dans le Tokyo punks à chien. Une musique essentiellement instrumentale, énergique et harmonique. Il est clair que le format couplet/refrain n'est pas du goût des 5 esthètes. Extrême, révolutionnaire, autant dans les liaisons entre les différentes parties mélodiques, que dans les montées sonores ou les constructions des morceaux, Rien bouscule, creuse sans jamais dépasser la barre trop rude de l'expérimental pur et dur. Certains pourraient qualifier leur musique d'intellectuelle ou d'élitiste. Purement intuitive serait plus juste. Après Serafina Steer en mars dernier, ce concert sera le deuxième évènement de La Niche d'EVE.Six Organs Of Admittance + RienMer 28 mai à 20h30, EVE, Campus Universitaire.
