Cherry Blossoms

De Doris Dörrie (All, 2h07) avec Elmar Wepper, Hannelore Elsner…

Lorsqu’elle apprend que son mari Rudi n’a plus que peu de temps à vivre, Trudi suit les conseils de son médecin et organise un voyage en couple. Après une pause peu concluante à Berlin, où les enfants confirment assez douloureusement leur distance vis-à-vis de leurs géniteurs, un coup du sort inattendu (évitez de regarder la bande-annonce !) semble sonner le glas du périple, qui se poursuivra malgré tout jusqu’au Japon, avec à la clé une épiphanie grandiose au pied du Mont Fuji. En aficionado forcenée de culture nippone, Doris Dörrie s’inspire du rythme languide des œuvres de son maître Yasujiro Ozu (et fait notamment du pied au sublime Voyage à Tokyo, dans sa description du malaise entre générations). La lenteur délibérée du récit développe avec grâce l’ambivalence des apparences ; on y découvre avec émotion un amour fou sans cesse transfiguré par l’évolution géographique des personnages, la beauté des liens qui se nouent avec évidence en dépit des barrières, la virulence enfin exprimée des sentiments. La réalisatrice manie la rupture de ton avec une infinie délicatesse : si l’ambiance est a priori dramatique, l’humanité immédiatement tangible de ses personnages et ses discrètes touches d’humour (en particulier via un running gag assez irrésistible) relèvent la sauce de façon surprenante. Esthétiquement, c’est le même tour de force, on oublie progressivement l’image HD ingrate des premières séquences pour se perdre avec bonheur dans la composition des cadres. La beauté diaphane du film se mérite, sa langueur en déconcertera plus d’un, mais arrivé au terme du voyage, les réticences devraient s’évaporer sans encombre.
François Cau

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